vendredi 15 décembre 2023

Agriculture à énergies positives : l’Occitanie adopte sa nouvelle feuille de route...


Présentation et commentaire de M. André Joffre :

« L’Agriculture à énergies positives » : une feuille de route régionale avec une position clair et cadrée

Dans cette feuille de route, la Région Occitanie pose un cadre rigoureux sur le développement des énergies renouvelables dans l’agriculture. La Région refuse que la transition énergétique se fasse au détriment de l’essence même de l’activité nourricière que représente le métier d’agriculteur. Aussi, la Région Occitanie s’oppose fermement au développement de fermes énergétiques avec abandon de l’activité agricole et rejette l’idée qu’un agriculteur puisse abandonner ses terres ou son activité pour produire de l’énergie. Elle s’oppose en ce sens au dénigrement des agriculteurs et aux projets qui se font sans participation des agriculteurs. Elle exige que la production d’énergie renouvelable et ses installations disposent de retombées positives pour le territoire et les parcelles agricole. La Région s’oppose fermement au développement des énergies renouvelables dans les exploitations si c’est au profit de tiers. Aussi, elle repousse la possibilité d’une fuite de la valeur ajoutée du potentiel énergétique des exploitations au profit d’acteurs industriels. Elle exclue la dépendance énergétique des exploitations. Elle se positionne contre la prédation des terres agricoles par les énergéticiens et la mise en place d’installations irréversibles ou qui remplacent une production agricole ou alimentaire. Enfin, la Région rejette avec conviction les projets pouvant dégradés la biodiversité et les paysages.

« Une coopérative des solutions »

Au-delà d’un cadre ferme, la Région Occitanie prend plusieurs engagements dans cette feuille de route :

Poursuivre et renforcer les accompagnements déjà mis en œuvre par l’AREC Occitanie (Agence régionale énergie climat) au service du monde agricole et des territoires et les actions entreprises par la Région depuis le Pacte Vert ;
Conduire un travail prospectif sur l’accompagnement des transformations dans le monde agricole avec l’AREC et l’Observatoire Régional Climat Energie (ORCEO) ;
Mettre en place « une coopérative des solutions » en concertation avec l’ensemble des acteurs sur la question du développement des énergies renouvelables en milieu agricole. Cette coopération a pour vocation de définir des outils pour les projets vertueux qui concilient agriculture durable et production d’énergie renouvelable.

L’Agriculture en Occitanie en chiffres 

1er secteur employeur de la Région sur le volet Agriculture et Agroalimentation
22 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour les secteurs agricole et agroalimentaire
Plus de 160 000 personnes actives dans le secteur agricole et agroalimentaire
1ère région viticole de France en surface et production
2ème région agricole en termes de superficie
1ère région française en nombre de surfaces et de producteurs en bio et la 2e région européenne

mercredi 6 décembre 2023

SIREA propose un stockage d'énergie pilotée et programmable pouvant délivrer jusqu'à 500 kW de puissance et 1 MWh de stockage.

Stockage sur batteries de seconde vie : BeePlanet et Sirea officialisent leur collaboration

La transition énergétique est au cœur des préoccupations actuelles, et les entreprises n'hésitent plus à s'engager pour réduire leurs impacts environnementaux et maîtriser leurs factures énergétiques. C’est une des raisons pour laquelle la PME française Sirea et l’entreprise espagnole BeePlanet Factory, soucieuses d’offrir des solutions alternatives et durables, ont décidé d'unir leurs forces. Elles collaboreront pour consolider leurs offres pour les marchés français et espagnol. 

Factory est une entreprise créée en 2018, basée en Navarre à Pampelune, ayant pour mission de développer des solutions technologiques de stockage d'énergies durables et renouvelables, par l’utilisation de batteries recyclées en provenance de la filière automobile. Sirea est quant à elle une PME créée en 1994, située à Castres au cœur de la région Occitanie. Sa vocation est de proposer des solutions industrielles de stockage et de pilotage énergétique en vue d’accroître la performance énergétique des installations tertiaires et industrielles.

C’est grâce à la société sœur de Sirea, iAR elle-même implantée à Pampelune, développant des outils logiciels d’intelligence artificielle et de réalité augmentée, que le rapprochement entre les deux sociétés a pu se concrétiser. “ explique Bruno Bouteille, dirigeant de Sirea

Cette collaboration permettra à Sirea d’intégrer les batteries de seconde vie fournies par la société BeePlanet pour ses shelters et gammes d’armoires AEH dédiés à l’autoconsommation avec stockage. Pour rappel, les armoires AEH et shelters intègrent des batteries permettant de stocker l’excédent d’énergie solaire afin de la restituer aux heures sans ensoleillement ou aux périodes les plus propices. Tous ces produits sont conçus et fabriqués dans les locaux de l’entreprise à Castres. Ils sont couplés à un logiciel de contrôle et de supervision rendant possible le pilotage et le suivi en temps réel de la consommation et de la production d'énergie. 

En ce qui concerne BeePlanet, leur approche innovante consiste à réemployer les batteries en provenance de la filière automobile pour leur donner un deuxième usage en tant que batteries de stockage stationnaire. L’entreprise participe ainsi à l’économie circulaire en redonnant vie aux batteries automobiles et en les réinjectant dans un processus de réemploi.

Ce partenariat exemplaire entre la PME française Sirea et l’entreprise espagnole BeePlanet illustre parfaitement la volonté de ces deux entreprises d’agir pour soutenir une transition énergétique verte et à moindre impact pour l’environnement. La perspective d’un avenir plus durable reste au cœur des préoccupations de Sirea et BeePlanet pour répondre aux exigences d’efficience énergétique de ses utilisateurs.

jeudi 30 novembre 2023

Les réseaux électriques de futures générations permettront-ils d’ajuster offre et demande?

Le secteur électrique constitue un des secteurs énergétiques les plus polluants, responsable de 42,5 % des émissions mondiales de CO₂. S’il doit travailler à devenir plus propre et à faire face à la précarité énergétique, il se voit également confronté à de nouvelles contraintes, telles qu’une demande croissante, particulièrement en période de pointe, mais aussi en raison de nouveaux usages comme les véhicules électriques. Il lui faut aussi composer avec le vieillissement des infrastructures des réseaux.

Les acteurs du secteur se tournent donc désormais vers le déploiement des ressources renouvelables. Néanmoins, certains inconvénients inhérents à ces ressources, comme leur caractère intermittent et les problématiques d’occupation spatiale, requièrent le développement d’un mécanisme efficace de gestion de l’énergie. De nouveaux réacteurs nucléaires EPR doivent également sortir de terre en France pour renouveler le parc existant mais, hormis Flamanville sur le Cotentin, ne sont pas attendus avant 2035. C’est pourquoi les ingénieurs travaillent d’autre part à développer des technologies de pointe pour rendre la demande d’électricité plus flexible.

Actuellement, la demande en électricité est considérée comme aléatoire : c’est à l’offre de s’adapter pour trouver un équilibre. Dans le réseau de demain, l’intermittence des énergies renouvelables déplacera vraisemblablement le caractère aléatoire de la consommation vers la production. La demande devra donc être flexible et maitrisée grâce à des programmes de gestion spécifiques.

En remodelant la demande, le parc de production pourrait être géré efficacement, et les coûts lissés. En outre, le dimensionnement du parc s’ajustant à la demande maximale d’électricité, la capacité totale et le coût d’investissement seront atténués en réduisant cette demande maximale.

Lisser les pics

Des recherches ont montré que les programmes de pilotage de demande agissent sur l’allure de la courbe de charge d’électricité de trois manières : en décalant les charges (Load shifting), en écrêtant les pointes (peak clipping) et en remplissant les creux (valley filling). Le déplacement de la demande décale l’usage d’un appareil électrique, c’est-à-dire reporte ou avance une demande d’une tranche horaire à une autre. La réduction du pic de demande électrique est atteinte grâce à la diminution ou la coupure ponctuelle d’un usage électrique. Cette solution réduit la puissance électrique en période de pointe et induit ainsi une baisse de consommation. C’est par exemple inciter les consommateurs à diminuer la température de leur chauffage.

Tandis que ces deux premières techniques visent à égaliser la courbe de charge en s’intéressant aux pics de demande, le « valley filling » s’applique, lui, à augmenter la charge durant les périodes où elle est moins importante. C’est programmer son lave-linge ou son lave-vaisselle en période creuse par exemple.

Il convient de noter que ces programmes énergétiques contribuent aux baisses des pics de consommation. On parle parfois d’« effacement de consommation ». Ils pèsent actuellement pour environ 3 900 MW mobilisables en France en 2023, encore loin de l’objectif de 6 500 MW inscrit dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) à horizon 2028. 6 500 MW, c’est à peu près l’équivalent de ce que peuvent fournir quatre réacteurs nucléaires de type EPR comme celui actuellement en phase d’essai à Flamanville.

Dans ce contexte, nos recherches soulèvent deux problématiques inhérentes à la gestion énergétique dans le réseau électrique intelligent. Comment aider le propriétaire d’une maison à prendre une décision d’adhésion à un programme énergétique dans le but de réduire sa consommation énergétique ? Et comment répartir l’énergie d’une manière équitable entre les consommateurs tout en prenant en compte les contraintes d’énergie des sources renouvelables et en répondant aux besoins énergétiques variés des consommateurs ?

Au carrefour des systèmes électriques et des télécommunications

Une des pistes pour pouvoir répondre à ces nouvelles problématiques est de développer les technologies de réseaux électriques intelligents de future génération (Next Generation Smart Grids, NGSG). Il s’agit des systèmes énergétiques qui évoluent d’une structure monodirectionnelle des flux énergétiques et informationnels (de la production vers la consommation), à une structure fondée sur des interactions bidirectionnelles.

L’objectif des NGSG est de fusionner les technologies de télécommunication et le système électrique géré par les opérateurs de production énergétique. Il est judicieux de noter qu’ils ne visent pas une conversion radicale des technologies mais une évolution des réseaux actuels dans le but d’assurer une communication entre les différents acteurs.

Bien que des éléments rendant le réseau intelligent existent déjà, la différence entre les NGSG et les réseaux électriques actuels se situe dans leur capacité à gérer plus de complexité. En effet, ces réseaux intelligents devraient évoluer pour permettre une gestion en temps réel de la consommation électrique : prédiction, équilibrage de charge, détection, surveillance des pannes et aide à la prise de décision du programme énergétique.

Avec les NGSG, tous les appareils électriques devraient être connectés et contrôlés dans le but de gérer et surveiller la consommation électrique et afin de remonter des informations et recevoir des commandes de contrôle. La prolifération significative d’objets connectés localisés dans les maisons requiert en effet un mécanisme de gestion efficace.

Ce dernier peut prendre appui sur les réseaux mobiles 5G avec notamment la technique SDN (Software Defined Network). Cette dernière s’avère particulièrement prometteuse. Elle prodigue une architecture qui sépare les fonctions de transport des fonctions de contrôle du réseau. Elle fournira ainsi l’équilibrage de charge, le déplacement de charge électrique, l’ajustement dynamique des chemins de routage suite aux commandes de contrôle, la détection rapide des pannes, l’autoréparation et la surveillance et la planification des flux de trafic électriques critiques.

Par ailleurs, les objets connectés dans les NGSG sont capables de générer, collecter et traiter des quantités massives de données. Ces sources de données ouvrent de nouvelles pistes pour concevoir de façon fiable et efficace les réseaux électriques. Les réseaux futurs proposeront en effet l’intégration des techniques d’apprentissage automatique pour le traitement en temps réel des données et la prise de décision du meilleur programme énergétique. Celles-ci seraient puisées tant du côté de l’offre que de la demande.

Dans ce contexte, l’utilisation d’un algorithme d’apprentissage automatique contribuera à l’optimisation de la consommation énergétique. Celui-ci prendra en considération les diverses variables impliquées dans la distribution d’énergie renouvelable et la consommation d’énergie, afin de maximiser l’énergie de production durant les jours nuageux et sans vent. Cet algorithme interprète les fluctuations de la demande et l’évolution des conditions météorologiques afin de prévoir l’énergie demandée, et d’anticiper les problèmes inhérents aux réseaux électriques avec pour objectif de mettre en place des moyens d’amélioration des lignes de distribution.

Rola Naja Enseignante chercheuse dans le domaine de l’informatique et réseaux, ECE Paris

Cet article est republié par Transitions et Énergies à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.  Lire l’article original sur The Conversation.

lundi 16 octobre 2023

André Joffre présente la nouvelle campagne "Unis pour un monde merveilleux" d' Energie du Portugal.


EDP Renewables, vient de lancer, via sa holding EDP group, une campagne de sensibilisation mettant en avant l’importance d’une plus grande collaboration dans la protection de la planète et de ses ressources, menacées par l’un des défis majeurs de notre époque : le réchauffement climatique.

Pour cette campagne ambitieuse, EDP met en scène six hommes et femmes de différents pays, contemplant la planète Terre depuis l’espace, expérimentant l’ « effet de vision globale » observé par les astronautes durant leurs missions, et nous rappelant sa beauté et l’importance d’une collaboration mondiale pour assurer sa durabilité. Ensemble depuis la Lune, les astronautes chantent une ode à la planète sur l’air de « What a Wonderful World » de Louis Armstrong.

La campagne s’inspire d’une citation célèbre et percutante du prix Nobel José Saramago : « Il faut quitter l’île pour mieux l’observer », rappelant que nous tenons souvent la durabilité de la planète pour acquise et que nous devons dégager de nouvelles perspectives pour trouver collectivement des solutions qui répondent sans équivoque à l’urgence climatique. Le message clé de cette campagne est « United for a wonderful world ».

« Dans le contexte actuel, l’urgence climatique est désormais indéniable et la transition vers les sources d’énergie renouvelables joue un rôle essentiel dans la protection de la planète. Cette question est devenue de plus en plus pertinente dans les forums internationaux et requiert une collaboration mondiale totale. EDP a récemment renforcé son engagement à mener la transition énergétique et est fier de voir son ambition reconnue par des entités telles que les Nations Unies. Pourtant, la planète nécessite une plus grande action commune. Les nations, les gouvernements, les familles et les entreprises doivent s’unir pour assurer son avenir », déclare Vera Pinto Pereira, membre du conseil d’administration d’EDP.

La campagne est signée par Havas et produite par Krypton. Le choix des nationalités représentées par les astronautes reflète la présence mondiale d’EDP. L’entreprise est engagée, tout comme ses 13 000 collaborateurs, dans de nombreux projets renouvelables en Europe, Amérique du Nord, Amérique Latine et Asie Pacifique.

En plus du film principal, qui sera diffusé à la télévision et sur les réseaux sociaux par des médias internationaux tels que le Financial Times, Euronews, Bloomberg et CNBC, entre autres, EDP a créé cinq spots supplémentaires avec des images de projets renouvelables installés dans différents marchés clés où l’entreprise est présente.

Ces projets présentent trois décennies d’engagement d’EDP dans les énergies renouvelables et dans la protection de la planète. Une stratégie renforcée par un plan d’investissements, présenté en mars 2023, qui consacre 25 milliards d’euros à la transition énergétique.

En s’engageant sur « zéro émission nette » d’ici 2030, EDP anticipe d’importants objectifs de décarbonation et une accélération de la transition énergétique.

L’entreprise désire n’utiliser que des sources d’énergies renouvelables d’ici la fin de la décennie. Elle s’efforce à embarquer de plus en plus d’institutions, de clients et de partenaires dans cette transition.

jeudi 5 octobre 2023

« L’énergie solaire pour les voitures électriques » le financement du programme lancé par le Bade-Wurtenberg épuisé en quelques jours !

Le groupe d’intérêt sur l’énergie solaire du Solar Cluster Baden-Württemberg, composé d'entreprises du secteur photovoltaïque et de l’énergie ainsi que de services publics municipaux et des instituts de recherche de l’État, ont lancé un programme de subvention pour que les nouveaux propriétaires de systèmes photovoltaïques consomment eux-mêmes une plus grande partie de leur énergie solaire. À cette fin, il rend plus facile, pour les propriétaires de voiture électrique, de recharger leur batterie à la maison avec l’électricité du toit. "Les habitants des zones rurales en particulier bénéficieront du programme, où il existe de nombreuses maisons individuelles et jumelées appartenant à des propriétaires privés et occupés par des propriétaires. Dans les villes, en revanche, beaucoup plus de personnes vivent dans des appartements occupés ou loués par leur propriétaire et sont donc hors de question en tant que bénéficiaires de la subvention." 

En outre, comme précisé dans l'extrait reproduit ci-dessous, la subvention est liée à la propriété ou à la commande d’une voiture électrique, ce qui exclut un large cercle de personnes en tant que demandeurs. 

Une subvention de 10 200 euros pour les propriétaires est désormais possible

Depuis le 26 septembre 2023, les particuliers possédant une voiture électrique souhaitant moderniser leur logement avec l'installation d'un système photovoltaïque, d'une borne de recharge  et d'un système de stockage de batterie supplémentaire pouvaient recevoir une subvention allant jusqu’à 10 200 euros de l’État. Pour bénéficier de cette subvention de la KfW Bank, plusieurs conditions doivent être remplies : Seuls les propriétaires de logements occupés par leur propriétaire peuvent demander l’argent. De plus, ces personnes doivent posséder une voiture électrique ou avoir commandé un tel véhicule au moment de la demande. Autre exigence : les composants sont commandés en colis. Les demandeurs sont également tenus de présenter une demande de financement avant de commander les composantes...

Confirmant l’énorme intérêt écologique et énergétique de la convergence entre électromobilité et autoconsommation photovoltaïque, la forte attente des "Ländais" (33 000 demandes approuvées) a déjà épuisé le budget de 300 millions d’euros accordé pour 2023. 200 millions d’euros supplémentaires seront disponibles pour 2024. Compte tenu de l'aide fédérale à l'achat de VE pouvant aller jusqu'à 9.000€, on ne peut qu'envier nos voisins allemands du soutien apporté par leurs autorités d'autant plus qu'elles font preuve d'une plus grande clairvoyance les voitures hybrides rechargeables n'étant pas subventionnées, pas plus que les voitures de société.

Malgré tout Andreas Schlumberger, le directeur général du cluster solaire Baden-Württemberg, est  critiqué pour sa position: « Seules les puissances comprises entre cinq et dix kilowatts de sont éligibles au financement. Si vous avez un plus grand système photovoltaïque installé sur votre toit, vous ne recevrez aucun financement pour la partie du système qui va au-delà. Cela conduira probablement les utilisateurs du programme à opter pour des installations plus petites », car pour ses opposants cela n’a pas de sens pour plusieurs raisons. 

En effet les systèmes plus petits permettent une autoconsommation plus élevée, mais sont plus chers par kilowatt de puissance. Les systèmes plus grands, en revanche, sont beaucoup plus rentables et plus économiques sur leur durée de vie. Ils contribuent également davantage à la transition énergétique, car ils mettent l’énergie solaire respectueuse du climat à la disposition d’autres ménages et entreprises grâce à une injection de réseau plus élevée et rémunérée. Il serait donc bon de recevoir un financement d'aide à l'investissement pour la plus grande extension photovoltaïque possible sur les toits couplé au passage à la mobilité électrique.

C'est également ce que nous appelons de nos voeux au travers de la démarche CoopéractiVE.

Jean-Claude LE MAIRE

lundi 7 août 2023

19 Associations européennes pro-photovoltaïque interpellent la Commissaire européenne à l'Energie.

Bruxelles le 1er Aout 2023

Lettre à Kadri Simson, Commissaire européenne à l’Energie  

+ CC aux Ministres de l’énergie des 27 Etats de l’UE

Le secteur solaire est en plein essor. Plus de 40 GW d'énergie solaire ont été installés dans l'UE l'année dernière - près de 50% de plus que ce qui a été mis en place en 2021. C'est une bonne chose. Le solaire soutient les objectifs de l'Europe en matière de climat et de sécurité énergétique.

L'Agence internationale de l'énergie affirme que l'UE a besoin d'au moins 60 GW de nouveau solaire en 2023 pour compenser le manque de gaz russe. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations Unies considère l'énergie solaire comme l'un des outils les plus réalisables, les plus rapides et les plus rentables pour décarboner. Cet hiver en Europe, les énergies renouvelables ont déjà généré plus d'électricité que les combustibles fossiles et ont permis à l'UE d'économiser 12 milliards d'euros en coûts de gaz évités depuis que la Russie a envahi l'Ukraine. L'énergie solaire, ainsi que l'énergie éolienne et d'autres énergies renouvelables, se sont avérées capables d'approvisionner les consommateurs en toutes saisons.

L'Europe commence à entrer dans l'ère de l'abondance solaire. Dans toute l'Europe, un certain nombre de GRT ont déjà adopté 10096 ou près de 10096 scénarios de réseau renouvelables. Cela s'accompagne du déploiement d'infrastructures de réseau plus nombreuses et plus intelligentes, ainsi que de nouvelles technologies, en particulier des ressources de flexibilité, capables d'adapter l'importation ou l'exportation d'électricité en fonction des besoins du système.

Cependant, alors que 2023 offrira probablement un autre été record pour la production solaire, le secteur solaire européen est contraint d'exprimer deux préoccupations majeures.

En raison du niveau accru de réduction solaire, nous risquons de continuer à gaspiller l'énergie solaire pendant ces mois d'été. Le printemps 2023 a déjà apporté des informations faisant état de pays de l'UE - notamment la Pologne et la Tchéquie - ferment leurs centrales solaires photovoltaïques en raison d'une demande étonnamment plus faible. Dans ces circonstances, les plans actuels de gestion du réseau ont sélectionné l'énergie solaire comme première génération « éteinte », car l'énergie solaire est une production flexible et facile à gérer. Les deux pays dépendent fortement du charbon, une source inflexible et non durable. En raison de la dépendance à la soi-disant « charge de base » et d'un manque de flexibilité du système propre, du charbon fortement émetteur est brûlé - et de l'énergie solaire propre et à faible coût est gaspillée.

En outre, la volatilité non résolue des prix de l'énergie et les prix négatifs trop fréquents mettent en danger les investissements dans de nouveaux actifs solaires photovoltaïques. Une plus grande volatilité des prix, illustrée aujourd'hui par des flambées de prix ou des prix négatifs, sera la nouvelle norme. Ils seront de puissants signaux d'adaptation, en incitant à plus de flexibilité sur le réseau. Mais ils signifient également une plus grande incertitude sur les revenus, voire des baisses de revenus, ce qui ralentit complètement les investissements indispensables dans les énergies renouvelables.

Le paquet sur l'énergie propre de 2018 offrait de nombreuses solutions réglementaires à ces défis, mais elles n'ont pas été mises en œuvre de manière cohérente dans toute l'UE. Les crises énergétique et climatique nous obligent à augmenter les taux de déploiement du solaire à des niveaux sans précédent. Plus que jamais, il est nécessaire d'agir pour accélérer la croissance solaire et limiter le gaspillage énergétique :

Améliorer la préparation du réseau, avec des scénarios de développement du réseau et des investissements anticipatifs menés avec l'industrie. Avec une accélération du rythme de développement des énergies renouvelables, la planification et l'anticipation des besoins de développement du réseau sont essentielles. L'inclusion de scénarios à haute énergie renouvelable est essentielle pour tester le réseau sous contrainte - et déjà un certain nombre de TSOs ont travaillé sur 100% de scénarios de réseau d'énergie renouvelable. De plus, avec une croissance accélérée des énergies renouvelables, le réseau ne peut attendre et doit anticiper. Les investissements anticipés, qui doivent être strictement consultés avec les parties prenantes et conformes aux ambitions politiques, doivent déjà être autorisés.

• Prendre des mesures pour accélérer l'octroi de permis et la construction d'infrastructures de réseau nationales et transfrontalières et s'engager dans le parcours de numérisation des gestionnaires de réseau. Autoriser une infrastructure de réseau à grande échelle peut prendre jusqu'à 7 ans, et 10 ans pour les projets transfrontaliers. Cela peut être réduit en lissant le processus d'autorisation et en priorisant les projets stratégiques. Tirant parti de l'expérience en matière d'autorisation des énergies renouvelables, des mesures doivent être prises par l'administration pour accélérer l'autorisation des projets. Dans le même temps, un signal politique fort est nécessaire pour engager les opérateurs de réseau dans leur parcours de numérisation - de la gestion des données aux compétences. Une meilleure utilisation des données météorologiques et des données historiques pour prévoir et gérer la production renouvelable sera particulièrement critique.

Promouvoir massivement les ressources flexibles - du côté de la demande et du côté de la production. Nous avons besoin de plus de capacités de stockage sur le réseau - batterie et stockage de chaleur. Mais nous avons également besoin de plus de flexibilité de la part de la demande. N'oublions pas que les pays nucléaires ont également exigé de la flexibilité du côté de la demande pour faire face au manque de flexibilité de la production nucléaire, en incitant par des tarifs horaires à la consommation d'électricité la nuit.

Cela nécessite:

Cartographier les besoins de flexibilité d'ici 2025 et développer des cadres de signaux de prix pour utiliser le potentiel de flexibilité. Les énergies renouvelables auront besoin de beaucoup de flexibilité: nous devons commencer à quantifier les besoins dès maintenant. Sur cette base, des plans d'action appropriés devraient être élaborés, y compris des signaux de prix simples, non marchands, tels que des tarifs de réseau en fonction de l'heure d'utilisation ou des programmes d'autoconsommation.

Promouvoir des projets solaires hybrides couplant le solaire au stockage d'énergie ou couplant le solaire et une autre source d'énergie renouvelable complémentaire, comme l'éolien. Quand le soleil ne brille pas, le vent souffle - et quand il n'y a ni l'un ni l'autre, il y a du rangement ! Les décideurs politiques doivent supprimer tous les goulots d'étranglement au déploiement de ces projets - en commençant par permettre aux développeurs de projets d'hybrider les projets qu'ils possèdent à leur connexion au réseau, sans procédures fastidieuses. Les projets solaires et de stockage sont toujours soumis à des charges doubles et ne sont pas autorisés à cumuler les services (services d'arbitrage et d'équilibrage de l'énergie). Des mesures doivent être prises dès maintenant, notamment en autorisant et en promouvant l'innovation réglementaire.

Préparer le système énergétique à la flexibilité en accélérant le déploiement des bâtiments intelligents, en déployant des technologies de flexibilité propre et en promouvant des accords de connexion au réseau flexibles. Les cadences de rénovation énergétique doivent être accélérées pour digitaliser les bâtiments et les rendre toujours plus réactifs aux signaux tarifaires du réseau. Dans le même temps, équiper les bâtiments de batteries de stockage ou de pompes à chaleur intelligentes est essentiel pour augmenter le potentiel de flexibilité. Enfin, la promotion d'accords flexibles de raccordement au réseau, par lesquels le consommateur s'engage à limiter l'importation ou l'exportation d'électricité au point de raccordement au réseau, est un signal essentiel pour favoriser la flexibilité à la source de consommation ou de production.

• Enfin et surtout, assurez-vous que le cadre économique ne donne pas un mauvais signal aux investisseurs pendant la période de transition. Alors que les énergies renouvelables sont de plus en plus déployées sur le réseau, les prix de l'électricité deviennent plus volatils pour attirer flexibilité - c'est bien. Mais cela ne devrait pas affecter les investissements solaires photovoltaïques qui ont besoin de stabilité et de visibilité à long terme. ll est donc nécessaire que les « Contracts for Difference » assurent toujours une rémunération stable même lorsque les signaux de prix négatifs augmentent. De même, des mesures devraient être prises pour limiter l'effacement renouvelable à des niveaux acceptables (en Flandre (Belgique), l'effacement solaire est limité à 59 % de la production). Il est également essentiel de permettre aux actifs solaires marchands de capter des revenus de marché plus élevés pour compenser les périodes prolongées de prix négatifs. À cet égard, la prolongation du plafond des revenus du marché, ou toute autre méthode de plafonnement, risque de trop écrémer les bénéfices supplémentaires des actifs solaires marchands qui doivent compenser les périodes de faible revenu. En parallèle, le coût de la tarification négative devrait être partagé par tous les producteurs, y compris les producteurs fossiles, qui contribuent à créer la contrainte afin d'assurer le bon signal économique pour le comportement de production sur le réseau.

Sincèrement votre, 19 associations européennes solaires et renouvelables (AT, BE, BG, CH, CZ, DK, EL, ES, EU, FR, HR, IE, IT, NO, PL, PT, RO, SK)


mercredi 31 mai 2023

Lettre ouverte à Jean-Marc Jancovici par Pierre-Guy Thérond.

Pierre-Guy Thérond, ancien Directeur des Nouvelles Technologies à EDF renouvelables à publié le 15 mai, sur son Linkedin, une lettre ouverte à Jean-Marc Jancovici auteur de « Le Monde sans fin ».  

    Cher Jean-Marc,

    J’ai terminé de lire « Le Monde sans fin », qui reflète finalement tes idées depuis au moins la dernière décennie. Je ne vais pas tourner autour du Pot, c’est un « brulot » anti-énergies renouvelables, et j’ai du mal à comprendre « pourquoi tant de haine », ou même pire « tant de condescendance ». Si j’essaye de condenser mon objection principale en quelques mots : tu nies totalement ou presque les progrès considérables effectués par les convertisseurs d’énergies renouvelables ces 20 dernières années, et tu ignores les progrès à venir, tant sur les énergies renouvelables que sur les procédés consommateurs d’énergie. Comme nous avons grosso modo le même âge, j’ai parfois l’impression que tu as du mal à te détacher de ce que nous avons appris lorsque nous étions étudiant : mon Professeur de Physique des Solides nous enseignait « qu’une cellule photovoltaïque délivrait moins d’énergie sur sa durée de vie que ce qu’il fallait pour la produire », et à l’époque, c’était exact. Aujourd’hui, c’est totalement faux, et de loin.
 
    Première objection factuelle, sans entrer dans des querelles d’expert, ton tableau page 161 des « ERDEI (Energy Returned on Energy Invested) » est faux  : je ne sais pas où tu as pris tes chiffres, et j’imagine qu’ils sont anciens et donc obsolètes. L’ERDEI (*) de l’éolien est plus proche de 40, voire 50 ; un peu plus de 20 pour le photovoltaïque que tu ne cites pas. Pour des « enr+stockage », cela dépend totalement du volume de stockage considéré : si il s’agit de rendre une turbine éolienne « totalement dispatchable 24h/24, 7j/7j », ton chiffre est peut-être juste, mais là aussi, il nie l’optimisation d’un système massivement constitué d’électricité d’origine renouvelable : on peut mutualiser les productions de plusieurs centrales, ce qui permet de réduire le besoin en stockage. 

    Mais qui suis-je pour oser contester tes affirmations ? Disons que j’ai fini ma carrière professionnelle d’ingénieur EDF, que j’ai passé grosso modo la moitié de cette carrière au développement des énergies renouvelables et l’autre moitié à servir « le système existant », dont bien sûr le nucléaire.
    Certes, tu pourras objecter que je suis « conflicté », mais ces progrès fulgurant des énergies renouvelables, je les ai vécu, et c’est une sacrée aventure, en fait une véritable « révolution ». Cette révolution, c’est d’abord celle du solaire photovoltaïque : en 20 ans, son coût moyen annuel de production est passé du moyen de production d’électricité le plus onéreux à celui le moins cher dans de très nombreux pays. Tu en parles peu, et je pense que tu as tort : ne sois pas vexé de ne pas avoir anticipé cette baisse massive de coût, en fait, personne ne l’avait anticipée …. 
    Certes, le solaire photovoltaïque a deux inconvénients majeurs : il ne produit pas la nuit et peu par mauvais temps, il demande des espaces importants, considérablement plus élevés que le nucléaire. Vis-à-vis du premier, tu ignores une autre révolution, en marche celle-là, celle du stockage par batteries, initiée grâce au véhicule électrique. Elle est encore incomplète : il faut trouver des solutions de stockage aussi massives que le stockage hydraulique, et bien sûr appeler au maximum ces dernières. Dans les deux cas, des solutions existent, même si elles ne sont pas totalement satisfaisantes, comme l’hydrogène qui implique une déperdition d’énergie de 70% lors de l’opération de « stockage/déstockage ». Vis-à-vis du deuxième, il émerge une solution « technico-sociaux-économique » élégante, même si elle n’est pas encore totalement déployée : la co-existence d’activités agricoles et d’activités de production d’électricité d’origine photovoltaïque, maintenant le rendement agricole à 100%, voire un peu plus.        
Cette option est:     
    1. Théoriquement possible,  
    2. Commence à être mis en œuvre. 
Si elle peut se déployer, elle repousse très loin les limites d’implantation du solaire photovoltaïque.
 
      Toujours dans la même ligne, tu n’identifies pas vraiment une troisième révolution : celle de l’éolien en mer. Il s’agit là d’une façon de produire de grandes quantités d’électricité décarbonée, qui a connu un saut d’industrialisation, permettant de réduire ses coûts considérablement. 
    Ces trois révolutions additionnées permettent d’envisager des mix énergétiques massivement constitués d’énergies renouvelables, y compris en France, comme le montre d’ailleurs l’excellent rapport produit par RTE, y compris pour des scénarios très « nucléarisés ». 
    Tout cela montre que la nouvelle ère renouvelable n’a rien d’un retour à une « ère renouvelable » ancienne, comme tu le décris de façon « un rien » biaisée : étant par nature optimiste, j’espère qu’un jour tu t’appliqueras l’humilité que tu préconises en page 151 vis-à-vis des « anti-nucléaires » allemands. 
    Les turbines éoliennes terrestres, autre solutions industrielles et matures, n’ont pas grand-chose à voir avec les moulins à vent que tu évoques, ne serait-ce que parce qu’ils produisent de l’électricité, pas de la force mécanique. 

    Pour toutes ces énergies, l’application de tes ratios très pédagogiques entre l’énergie fournie par une machine industrielle et l’énergie fournie par un humain classe très clairement les énergies renouvelables dans l’ère moderne, ce que tu ne signales nulle part. Toi qui aimes manipuler les ordres de grandeur fondamentaux, tu oublies également un avantage de l’éolien et du solaire photovoltaïque par rapport aux énergies fossiles et nucléaire : elle ne sont pas soumises au rendement de Carnot pour produire de l’électricité, parce qu’elles ne nécessitent pas la conversion d’une énergie thermique produite dans une chaudière en énergie électrique. Cela permet tout de même de gagner un facteur 3 dans la chaîne de rendement. J’y vois d’ailleurs la raison pour laquelle la biomasse électrogène, soumise elle au rendement de Carnot, n’a pas réellement débouché contrairement à l’éolien et le solaire.  

    Tu évoques le besoin accru en matériaux pour les énergies renouvelables par rapport au moyens centralisés. Là-dessus, je ne peux qu’acquiescer globalement, même si des substitutions sont possibles : par exemple, l’utilisation du cobalt dans les batteries peut être évité assez facilement, il sera plus difficile de se passer du lithium, mais pas impossible, les aimants aux terres rares peuvent être évités dans l’éolien etc …. De nouveau, tes ordres de grandeur quand ils existent me semblent biaisés . Je m’en tiendrai de nouveau au rapport RTE : 30% de cuivre consommé en plus dans les scénarios « très enr » versus les scénarios « très nucléaire ». c’est significatif, mais pas non plus totalement inatteignable. Bien sûr , cela suppose que le secteur minier ne soit pas banni, ce qui est un autre débat. Donc, là encore, rien de réellement impossible avec un minimum de volonté.

    Comme dans un miroir, tu exaltes la solution nucléaire, de façon même exclusive. 
J’ai eu le grand honneur d’avoir des « patrons » venus du nucléaire au début de ma carrière d’ingénieur EDF. C’était la génération qui mettait en service 6 tranches nucléaires par an, qui ont fonctionné plus qu’honorablement : ces « patrons » m’ont énormément appris, et j’ai appliqué beaucoup de leurs leçons dans le domaine du renouvelable. A ce titre, j’ai été très souvent agacé par les jugements sans nuance d’un milieu « renouvelable » assez anti-nucléaire, c’est vrai. Je constate malheureusement que tu entres totalement dans ce jeu de « l’un contre l’autre », et que tu oublies quelques angles morts du nucléaire. 

    D’abord, nulle part tu n’indiques le chemin de croix que continue à constituer l’EPR. En 20 ans, l’industrie n’a pu en raccorder que trois dans le Monde, et pas en France. Une conséquence directe de ce qu’il faut bien appeler un échec, c’est que les prochaines tranches viendront en France au plus tôt en 2035 : tu n’indiques nulle part ce que l’on fera d’ici là. 
    Tu occultes par ailleurs le fait que le nucléaire est loin d’être accessible partout. Plus choquant, tu minimises les accidents nucléaires de Tchernobyl et Fukushima, en parlant peu du dernier, en attribuant le premier à la gabegie soviétique, en minimisant le nombre de victimes, voire même en présentant l’accident de Tchernobyl comme finalement favorable à la biodiversité. 

    Enfin, tu affirmes une durée de vie de 60 ans pour le nucléaire : en France, elle n’est acquise que pour 50 ans, même si des dossiers sont en cours pour atteindre 60 ans, ce que tout le monde espère. Il est vrai que des centrales américaines  ont été qualifiées pour 60 ans, mais la mauvaise nouvelle récente des « corrosion sous contrainte » en France doit inciter à la prudence : en matière de vieillissement des équipements, il y a ce qu’on sait, il y a ce qu’on ne sait pas, et pire « ce qu’on croyait savoir et qu’en fait on ne savait pas » . Ces  points de prudence sont particulièrement nécessaires dans le nucléaire, et je trouve donc ta profession de foi excessive, car elle affaiblit la vigilance vis-à-vis du risque d’accident nucléaire : je suis convaincu que la France n’a pas eu d’accident supérieurs au degré 2 de l’échelle de gravité du fait d’une vigilance exigeante et même polémique. Ni l’URSS, ni même le Japon n’avaient ce degré d’exigence et ils l’ont payé cher.

        Tout ceci nous ramène au vieux dicton de bon sens que « ne pas mettre ses œufs dans le même panier » relève de la bonne politique. Un peu plus d’énergies renouvelables pendant la crise Ukrainienne, doublée de la crise des « corrosions sous contrainte » dans le nucléaire n’auraient pas été de refus. Au passage d’ailleurs, tu ne pouvais pas savoir que les subventions cumulées aux énergies renouvelables mentionnées en page 174 sont en bonne voie d’être compensées par les gains publics effectués pendant la crise Ukrainienne, ce qui justifie a postériori l’investissement. 

             Tu rejettes la combinaison énergies renouvelables + nucléaire au motif que les centrales nucléaires ne seront pas capables de suivre les fluctuations des renouvelables. Là aussi, c’est une négation du progrès! 
       Il existe des moyens d’optimiser des combinaisons différents type d’énergies renouvelables (éolien et solaire) – nucléaire – hydraulique - stockage par batteries : là-dessus, les moyens digitaux désormais à disposition nous aident bien. Je te rappelle d’ailleurs que la transition d’un parc français « massivement hydraulique + thermique à flamme », vers un Parc « massivement nucléaire » n’a pas été simple du point de vue de l’opération du système électrique : il a fallu s’adapter et on s’est adapté, au lieu de « lever les bras au ciel ».
        Bien sûr, j’adhère totalement à ce qui constitue tout de même ta thèse centrale, à savoir la rareté de l’énergie et la nécessité de s’y adapter. Je comprends totalement que tu puisses craindre que les énergies renouvelables soient comprises comme un « miracle » permettant de continuer l’orgie de consommation d’énergie que nous connaissons actuellement, et qui a peine à se ralentir au niveau mondial. 
    Je suis bien conscient, et le rapport RTE le montre bien, que des mix énergétiques massivement «énergies renouvelables» ne peuvent se concevoir qu’avec une baisse très significative des consommations : les énergies renouvelables, énergies de flux par définition, ne peuvent guère égaler les énergies de stock en terme de densité d’énergie immédiatement disponibles. J’admets que cette baisse doit être suffisamment significative pour impliquer beaucoup plus qu’une simple amélioration technique de l’efficacité des procédés. 
    Malgré tout, pourquoi se priver de ce qui au moins permet de réduire la peine, voire d’éviter le chaos généralisé ? Car si je comprends bien ta thèse, ceux qui n’auront pas de nucléaire seront voués à revenir au 18ème siècle ? Nous sommes d’accord sur le besoin massif de sources d’électricité décarbonée, et d’accord sur le fait qu’il n’y en aura pas assez au vu de notre rythme de consommation actuel : dès lors, pourquoi se priver de l’un d’entre eux ? 
    Bien plus, tu ne mentionnes guère les progrès technologiques possible dans les procédés industriels ou les services pour les rendre moins émetteurs de CO2, et tu pointes volontiers le doigt sur des solutions sans grand avenir : je partage largement tes doutes sur l’avion solaire, mais tu aurais pu mentionner les possibilités offertes par le e-kérosène, issu de la réaction de l’hydrogène sur du CO2. Certes, cette solution demande « encore plus » d’électricité décarbonée ; raison de plus pour n’en bannir aucun vecteur.

        Au final, pourquoi écrire ces lignes ? Pourquoi ne pas « laisser dire » et « continuer à faire »; plus moi, mais les jeunes collègues que j’ai quittés récemment et qui, crois moi, « se marrent » autant que je me suis « marré » dans cette aventure assez unique pour un ingénieur un tant soit peu « bâtisseur » ?    Tout simplement pour une modeste contribution à éviter la « prophétie auto-réalisatrice ». 

    Le développement technologique d’un système énergétique soutenable, quel que soit son pourcentage de nucléaire ou d’énergies renouvelables demande beaucoup d’opiniâtreté, beaucoup d’obstacles à surmonter, beaucoup de volonté, bref beaucoup de mobilisation. D’une certaine façon, les acteurs doivent « ignorer que c’est impossible, et donc le faire » : c’est ce qui s’est passé avec les trois révolutions évoquées plus haut. Ce sera nettement plus difficile si ils entendent de façon incessante qu’ils perdent leur temps……
Bien à toi

            Pierre-Guy Therond
            Retraité, ancien Directeur des Nouvelles Technologies à EDF renouvelables

NDLR : ERDEI Le retour énergétique sur investissement (énergétique) (EROI) est une mesure thermodynamique fondamentale appliquée à la production d'électricité, mesurant les entrées et les sorties relatives.

jeudi 23 mars 2023

Communautés d'Energie Renouvelable (modifié et complété par la loi du 10 mars 2023)

 Article L291-1 Modifié par LOI n°2023-175 du 10 mars 2023 - art. 3

Une communauté d'énergie renouvelable est une personne morale autonome, au sens de l'article 3 de l'annexe à la recommandation de la Commission du 6 mai 2003 concernant la définition des micro, petites et moyennes entreprises (2003/361/ CE), répondant aux critères cumulatifs suivants :

1° Elle repose sur une participation ouverte et volontaire ;

2° Ses actionnaires ou ses membres sont

  •  des personnes physiques, 
  • des petites et moyennes entreprises répondant à la définition donnée au point 8 de l'article 2 de la directive (UE) 2018/2001 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2018 relative à la promotion de l'utilisation de l'énergie produite à partir de sources renouvelables dès lors qu'elles sont autonomes, 
  • des collectivités territoriales ou leurs groupements, 
  • des sociétés par actions régies par le titre II du livre V de la première partie du code général des collectivités territoriales, 
  • des fonds éligibles à la dénomination d'entrepreneuriat social mentionnés à l'article L. 214-153-1 du code monétaire et financier spécialisés dans l'investissement en capital dans les énergies renouvelables, 
  • des sociétés ayant pour objet le développement des énergies renouvelables, bénéficiant de l'agrément “ entreprise solidaire d'utilité sociale ” et répondant à la définition précitée des petites et moyennes entreprises ou des associations. 
  • Les associations autorisées à participer à une communauté d'énergie renouvelable sont celles dont les adhérents sont des personnes physiques, des petites et moyennes entreprises, des collectivités territoriales ou leurs groupements ou des sociétés par actions régies par le titre II du livre V de la première partie du code général des collectivités territoriales. 

Le décret mentionné à l'article L. 293-4 du présent code précise les conditions de participation des associations. Lorsqu'une entreprise privée participe à une communauté d'énergie renouvelable, cette participation ne peut constituer son activité commerciale ou professionnelle principale ;

Lorsqu'une petite ou moyenne entreprise membre d'une communauté d'énergie renouvelable souhaite céder sa participation, elle en informe la collectivité territoriale ou le groupement de collectivités territoriales dont la participation est la plus élevée afin que cette collectivité ou ce groupement puisse exercer un droit de préemption dans un délai de deux mois à compter de cette notification. A défaut de préemption, l'entreprise cède librement sa participation ;

3° Elle est effectivement contrôlée par des actionnaires ou des membres se trouvant à proximité des projets d'énergie renouvelable auxquels elle a souscrit et qu'elle a élaborés ;

4° Son objectif premier est de fournir des avantages environnementaux, économiques ou sociaux à ses actionnaires ou à ses membres ou aux territoires locaux où elle exerce ses activités, plutôt que de générer des profits financiers.

Article L291-2 Création Ordonnance n°2021-236 du 3 mars 2021 - art. 5

Une communauté d'énergie renouvelable peut :

1° Produire, consommer, stocker et vendre de l'énergie renouvelable, y compris par des contrats d'achat d'énergie renouvelable ;

2° Partager en son sein l'énergie renouvelable produite par les unités de production qu'elle détient, sous réserve du maintien des droits et obligations de ses membres en tant que client final et, s'agissant de l'électricité, des dispositions prévues aux articles L. 315-1 à L. 315-8 ;

3° Accéder à tous les marchés de l'énergie pertinents, soit directement, soit par agrégation, d'une manière non discriminatoire.

Article L291-3  Création LOI n°2023-175 du 10 mars 2023 - art. 3

Une communauté d'énergie renouvelable revêt la forme 

  • soit d'une société anonyme ou d'une société par actions simplifiée régies par le livre II du code de commerce, 
  • soit d'une société coopérative d'intérêt collectif prévue aux articles 19 quinquies à 19 sexdecies A de la loi n° 47-1775 du 10 septembre 1947 portant statut de la coopération, 
  • soit d'une association régie par la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association.

A l'exception du cas de la participation directe d'au moins vingt personnes physiques, une communauté d'énergie renouvelable comprend au moins deux des catégories de personnes énumérées au 2° de l'article L. 291-1 du présent code, parmi lesquelles figurent obligatoirement celles qui bénéficient, à titre gratuit ou onéreux, des avantages environnementaux, économiques ou sociaux que la communauté d'énergie renouvelable s'est donnés pour objet.

Les statuts déterminent les conditions d'appartenance à la communauté et les conditions de sa gouvernance. Une catégorie de personnes mentionnée au même 2° remplissant les conditions de proximité mentionnées au 3° du même article L. 291-1 est présumée exercer un contrôle effectif lorsqu'elle dispose, directement ou indirectement, d'une fraction des droits de vote supérieure à 40 % et qu'aucune autre catégorie ne détient directement ou indirectement une fraction supérieure à la sienne. 

Les personnes physiques sont réputées constituer une catégorie lorsqu'elles sont au nombre de vingt. 

Les statuts garantissent que la participation des différentes catégories respecte le plafond précité pour la durée de la communauté.

lundi 20 février 2023

Stocker l'énergie : Un défi technologique ( ARTE )


 Comment stocker l’énergie éolienne et solaire pour pouvoir la réinjecter dans les réseaux quand les conditions météorologiques, comme l’ensoleillement ou le vent, ne sont plus réunies ? Le documentaire explore les coulisses des laboratoires et des start-ups qui développent les batteries du futur.

Alors qu’il est urgent de "verdir" notre production électrique en abandonnant les énergies fossiles, un obstacle de taille demeure : les énergies solaire et éolienne – et dans une moindre mesure, l’énergie hydraulique – reposent sur les caprices d’une nature imprévisible. Si, dans des conditions climatiques optimales, l’électricité est produite en abondance jusqu’à saturer le réseau, elle doit alors être immédiatement consommée, tant il n’est pas encore possible de stocker efficacement cet excédent pour le restituer les jours sans vent ou sans soleil. Les chercheurs planchent ainsi depuis longtemps sur la question cruciale du stockage, multipliant les propositions innovantes. Pourra-t-on demain appliquer certaines d’entre elles à grande échelle ? 

Espoirs et limites 

Autour de ce défi technologique complexe mais passionnant, ce documentaire propose un tour d’horizon des pistes explorées par les ingénieurs du monde entier, sur leurs applications et leurs limites. Sont présentees les techniques les plus audacieuses, expérimentées à l’échelle industrielle ou domestique, depuis les premiers succès de l’énergie renouvelable, à l’image du pompage-turbinage des centrales hydroélectriques, mis en œuvre dès le XIXe siècle. Des batteries lithium-ion de nouvelle génération au spectaculaire volant d’inertie, en passant par les électrolyseurs individuels ou les condensateurs au graphène, ces propositions suscitent autant d’espoirs que de questions. Indéniablement, le stockage de l’énergie constituera la clé de voûte d’une transition écologique réussie.

Documentaire de Michaela Kirst et Martin Gronemeyer (Allemagne, 2022, 53mn)

Disponible jusqu'au 19/05/2023

mercredi 4 janvier 2023

TINY : Nouvelle étape sur la vertueuse convergence entre autoconsommation photovoltaïque et mobilité électrique.

    🆂uite à différents échange avec la société TEMLAB sur l'optimisation de la consommation de ma production photovoltaïque j'ai bénéficié de l'installation d'un prototype de borne TINY option PPV (production photovoltaïque). 
Equipée de base du système Power boost, module de gestion de charge dynamique, qui permet de moduler la charge en fonction de la consommation totale de la maison, elle bénéficie en sus de la fonction PPV qui modère la puissance délivrée en fonction de celle produite par l'installation photovoltaïque comme l'illustre parfaitement de diagramme d'Enphase ci-contre.
Ainsi donc sur les 17,5 kWh produits, ce 28 décembre entre 9h et 17h15,  la presque totalité a été stockée dans la batterie, les quelques watts supplémentaires ayant servi à l'usage domestique. 
A remarquer tout de même que dans cette période hivernale ou le soleil est au plus bas sur l'horizon et la puissance nominale à 60% de l'été la production de 17 kWh équivaut à #80 km avec mon nouveau VE, le MG Marvel mais ceci est une autre nouveauté sur laquelle je reviendrais prochainement.