Alors que certains prônent l’idée de « faire une pause » dans le développement du solaire et de l’éolien, l’association Energies renouvelables pour tous entend rappeler que ces énergies constituent une solution viable au moment où les limites du nucléaire sont mises en lumière par la Cour des Comptes.
Plusieurs tribunes, portées notamment par des parlementaires ou d’anciens caciques du nucléaire (comme Henri Proglio), ont été publiées récemment dans des médias nationaux, accusant les énergies renouvelables de tous les maux et appelant à un moratoire sur leur développement. Au-delà des nombreuses erreurs relevées dans les analyses, dont une fréquente – et inquiétante – confusion entre électricité et énergie (l’électricité ne représente que 25 % de la consommation d’énergie primaire en France), cette posture soulève de graves problèmes de fond et ignore les réalités énergétiques et climatiques contemporaines.
Une diversification urgente vers les énergies renouvelables
Les énergies renouvelables, solaires et éoliennes, ne sont pas seulement une réponse climatique, elles constituent également un atout stratégique. En 2022, les énergies renouvelables ont ainsi joué un rôle crucial en contribuant au financement du bouclier tarifaire, à la suite de la hausse des prix liée tout autant à la défaillance du parc nucléaire qu’à l’envolée des prix du gaz en raison de la guerre en Ukraine.
Cette contribution démontre leur capacité à renforcer l’indépendance énergétique de la France tout en étant compétitives sur le plan économique. Le coût des énergies renouvelables, notamment l’éolien et le solaire, ainsi que des solutions de stockage d’électricité, continue de baisser, les plaçant parmi les options les plus abordables pour produire une électricité décarbonée et flexible. Contrairement au nucléaire, ces énergies ne nécessitent pas une alimentation continue en combustible, alors que la dépendance aux cycles du combustible nucléaire, tant en amont qu’en aval, expose fortement la filière à des acteurs comme la Russie.
Le nucléaire : une filière à risques et à coûts exponentiels
Un rapport de la Cour des Comptes intitulé « La filière EPR : une dynamique nouvelle, des risques persistants » et publié mardi 14 janvier est explicite : la filière nucléaire souffre de dérives budgétaires et techniques majeures. L’EPR de Flamanville en est l’illustration parfaite, avec un coût passé de 3,2 milliards d’euros (2006) à 23,7 milliards d’euros (2023), somme qui inclut le coût des retards du chantier, qui devait durer cinq ans et en a finalement pris dix-sept.
D’après la Cour des Comptes, ce réacteur aurait une rentabilité médiocre de 2 % pour un prix de l’électricité de 90 euros/MWh.
Ces dérives de coûts sont largement supportées par les deniers publics, comme en Finlande où les dépassements budgétaires liés à la construction de l’EPR d’Hinkley Point en Angleterre ont été couverts par la France. Un nouveau programme de 6 EPR2, estimé à 80 milliards d’euros (2023), soulève également des interrogations sur son mode de financement. La proposition d’un prêt à taux zéro, assuré par l’Etat, reviendrait à une subvention implicite de dizaines de milliards d’euros, un choix difficilement justifiable dans un contexte de hausse des taux et de contrainte budgétaire.
Les énergies renouvelables : une opportunité économique et écologique
Les signataires des tribunes anti-renouvelables s’enferment dans une vision rétrograde et coûteuse. Investir dans les énergies renouvelables permet d’éviter les écueils financiers du nucléaire tout en répondant aux besoins énergétiques de manière efficace et rapide. Ces technologies créent des emplois locaux, réduisent les émissions de gaz à effet de serre et renforcent la souveraineté énergétique de la France.
La stratégie nationale bas-carbone vise une réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 en comparaison avec 1990, un objectif atteignable grâce à une mobilisation accrue autour des renouvelables et des technologies associées (éoliennes terrestres et maritimes, panneaux photovoltaïques, batteries, onduleurs, électrification accrue des bâtiments, des transports et de l’industrie) dont il faut soutenir l’implantation de filières industrielles nationales.
Signataires
Energies renouvelables pour tous est une association de scientifiques et d’experts qui œuvre pour développer les énergies renouvelables en France et de faire connaître leurs atouts, y compris sur le plan du pouvoir d’achat.
Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’Environnement
Cédric Philibert, expert énergie climat
Philippe Malbranche, expert, ex-directeur de l’International Solar Alliance
Francis PetitJean, co-fondateur de la Fondation Desertec
Ghislain Dubois, trésorier de l’association Energie Renouvelable pour tous
Stéphane His, président de l’association Energie Renouvelable pour tous
André Joffre, président de Tecsol
Xavier Daval, PDG de Kilowattsol
Tristan Saramon, associé de l’agence decarb.one
Marie Bayard-Lenoir, associée de l’agence decarb.one
Julien Pezzetta, président, associé fondateur chez Eolise
Gérald Seiler, PDG de ChargeAngels