jeudi 11 avril 2024

GROUPEE 4.0 *: Une expérimentation innovante intégrant le recours au VE au V2H dans l'autoconsommation collective.


Une expérimentation innovante* dans les Hauts-de-France qui combine mobilité électrique et autoconsommation collective. Le projet Groupee 4.0 est mené par le bailleur social Partenord Habitat, l’école des Arts et Métiers, Enedis et EDF, et financé par l’ADEME et la Région Hauts-de-France. En plus d’une production photovoltaïque en autoconsommation, le projet a mis à disposition des locataires un service d’autopartage avec un véhicule électrique et une borne de recharge bidirectionnelle permettant à la batterie du véhicule de stocker de l’énergie en fonction de la production des PV et de la restituer en fonction des besoins du bâtiment et des logements participants. Le choix d’intégrer un service d’autopartage doté de la technologie « vehicule-to-grid » est issu des différents scénarios testés par la plateforme EPMLAB des Arts et Métiers de Lille. 
Lancé fin 2020, le projet a d’abord mis en place l’autoconsommation collective pour couvrir les besoins des parties communes des immeubles d’habitation, avec une installation photovoltaïque de 16 kWc. Le service d’autopartage a été proposé aux résidents à des conditions tarifaires modérées à partir de 2021. La recharge bidirectionnelle (V2G) a été activée en octobre 2022, puis 6 foyers ont intégré l’opération en janvier 2023. Dans cette configuration, un scénario intégrant au maximum 10 foyers et l’autopartage du véhicule électrique avec le mode V2G prévoit une autoconsommation annuelle de 60%, incluant une augmentation de 20% grâce au dispositif V2G. Ce taux peut sembler bas, mais il s’explique en raison du faible nombre de participants. L’autoproduction (la part de la consommation des participants couverte par la production des PV de l’opération) est quant à elle de 40%, ce qui permet une réduction de la facture électrique globale du démonstrateur de 28%. Pour atteindre un taux proche de 100% d’autoconsommation, il faudrait augmenter le nombre de participants, même si cela implique de baisser le taux d’autoproduction de chaque participant. À noter que la clé de répartition donne la priorité aux parties communes, puis au véhicule, l’énergie restante étant redistribuée aux locataires. Concernant la rentabilité du projet, elle est estimée à 23 ans sans subventions, et à 12 ans grâce aux financements publics obtenus. Il faut aussi noter que l’empreinte carbone de l’installation est couverte en 11 ans. Le service de mobilité électrique en auto-partage notamment divise par 10 les émissions de CO2 pour les parcours en ville (et par 32 le coût du km). Parmi les difficultés évoquées par les chercheurs de Campus Arts et Métiers de Lille interrogés, le recrutement et l’implication des locataires a nécessité une communication importante et soutenue du bailleur et de ses partenaires. 

*Commentaires extraits du livre blanc rédigé par un groupe de travail dédié de l’association Think Smartgrids, impliquant une trentaine de membres, en collaboration avec la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) , partenaire de l’association. 

jeudi 4 avril 2024

Autoconsommation photovoltaïque : "Il est temps de sonner la mobilisation générale"

Pour Laetitia Brottier, vice-présidente d’Enerplan, « L’autoconsommation coche toutes les cases : de l’énergie moins chère et décarbonée, de l’autonomie et de la sécurité d’approvisionnement. Le bouclier tarifaire le plus solide, c’est l’autoconsommation : les ménages l’ont bien compris, leur engouement en est la preuve. A l’heure où le retard de la France dans le déploiement des renouvelables est patent, alors que nous sommes très loin de nos voisins européens sur l’équipement solaire des toitures, il est temps de sonner la mobilisation générale. Non seulement pour réduire les factures, non seulement pour réduire nos consommations d’énergies fossiles, mais aussi pour créer les emplois de la transition énergétique. »

mercredi 13 mars 2024

Le soleil au service de l’humanité, un engagement citoyen et collectif (Tribune de Daniel Lincot et Jean Jouzel)

 Le soleil au service de l’humanité,  un engagement citoyen et collectif  

(Tribune de Daniel Lincot et Jean Jouzel)

    Le 12 décembre 2023, le Collège de France a accueilli la conférence : « Énergie solaire, urgence climatique et engagement collectif », pour le cinquantième anniversaire du congrès organisé à l’UNESCO en 1973 « Le soleil au service de l’homme ». 

    Alors que la COP28 se concluait à Dubaï sur un bilan mitigé, avec néanmoins quelques avancées, les acteurs des énergies renouvelables (EnR) en France et au-delà se sont réunis pour témoigner de l’immense enjeu auquel ces énergies répondent face à l’urgence climatique, de l’essor scientifique, industriel et économique de ces technologies depuis 50 ans ainsi que des engagements des citoyens et de leurs élus pour que ces énergies soient au cœur du développement de notre société (1). 

    Il y a 50 ans, alors que les applications de l’énergie solaire se cantonnaient aux usages du spatial et quelques sites isolés, les pionniers des EnR étaient visionnaires en affirmant qu’elles pourraient contribuer de façon majeure à l’énergie utilisée par l’humanité. Si le chemin a été jalonné d’embûches et d’atermoiements, les résultats sont à la hauteur de leurs ambitions. Les investissements annuels dans les EnR électriques au niveau mondial dépassent désormais les investissements réalisés dans toute forme d’énergie, comme le souligne l’Agence Internationale de l’Énergie. En 2023, d’après cette agence, les ajouts de nouvelles capacités EnR électriques ont crû de 50 % par rapport à 2022 et totalisent 510 GW de capacités installées. Les trois quarts de cette augmentation proviennent du solaire photovoltaïque (2).

Fin 2023, plus de 400 000 foyers sont autoconsommateurs d’énergie solaire photovoltaïque en France, dont 200 000 pour la seule année 2023 et, selon RTE, ce chiffre devrait, d’ici 2030, atteindre 4 millions de foyers soit 13 % des ménages français. Les raccordements photovoltaïques ont augmenté de 30 % entre 2022 et 2023 selon Enedis. Ce chiffre témoigne de l’engouement des Français pour cette énergie et montre que les EnR sont aussi une affaire de citoyens. Ces derniers s’engagent concrètement dans leur approvisionnement énergétique pour ne plus rester simples consommateurs d’électricité centralisée. 

    Cette implication individuelle des citoyens dans l’énergie solaire se conjugue avec une forte croissance des projets solaires et éoliens portés par des collectifs de citoyens. Ces initiatives locales sont maintenant appuyées par une association nationale, « Énergie Partagée », qui leur apporte un soutien technique et financier. 338 projets citoyens ont été labellisés, totalisant près de 700 MW de puissance installée à ce jour et 100 millions d’euros d’investissement. 30 400 citoyens et 825 collectivités sont membres de sociétés locales qui portent ces projets, qui bénéficient en outre de l’investissement financier des 7 400 actionnaires d’Énergie Partagée Investissement (3). 

    Mais les citoyens ne sont pas les seuls à s’engager. Les collectivités locales sont également le fer de lance du déploiement des EnR dans leur territoire. En créant des sociétés de projets dédiées et en investissant dans ces projets, elles deviennent des acteurs essentiels de la transition énergétique. En réservant les zones de leur territoire propices à l’accélération des EnR dans lecadre de la loi de 2023, elles assurent la maîtrise d’ouvrage de leur avenir énergétique. 

    En s’engageant ainsi pour les EnR, ces acteurs de terrain ne s’y trompent pas. Les EnR sont désormais les énergies les plus compétitives pour la production d’électricité : moins coûteuses que les énergies fossiles qui doivent disparaître de notre mix énergétique, ou que le nucléaire. Ainsi, dans les derniers appels d’offres de la CRE, le prix de l’électricité issue des centrales solaires est de l’ordre de 80 €/MWh (4) , et il peut descendre à 20 €/ MWh dans certains pays du monde. D’ici à 2035, les EnR sont les seules capables d’augmenter nos capacités de production d’électricité décarbonée. L’urgence climatique, c’est maintenant ! 

    Cette rationalité économique est bien comprise par les acteurs industriels, présents sur les marchés concurrentiels de l’énergie. La division en 10 ans du prix du solaire et de l’éolien par un facteur supérieur à 10 réduit considérablement les incertitudes sur la volatilité des prix de l’énergie. En France, les investissements dans les EnR se développent à un rythme accéléré en créant des emplois et se multiplieront pour peu que les pouvoirs publics intègrent ces dynamiques industrielles dans leurs exercices de planification énergétique. Cette dynamique se conjugue aujourd’hui avec celle du stockage par les batteries et l’hydrogène, répondant ainsi à la question de la gestion de la variabilité, à la fois à court terme et en intersaisonnier, à laquelle il faut aussi ajouter les progrès du réseau électrique, permettant un pilotage instantané des flux électriques sur l’ensemble du territoire. Ces trois pôles, EnR, stockage et pilotage intelligent, se complètent et créent une opportunité exceptionnelle et nouvelle pour la transition énergétique. 

    La conférence du Collège de France a également montré la dynamique scientifique et technologique. Les recherches et les développements conduits dans les laboratoires par les chercheurs et les entreprises donneront lieu à des innovations dans les toutes prochaines années. Les baisses de coûts et l’amélioration des rendements se traduiront par une compétitivité encore plus affirmée. La communauté scientifique et technologique française était visionnaire en 1973 : les énergies renouvelables sont, maintenant, un atout majeur dans la compétition internationale. 

    Cette conférence a aussi rappelé l’importance d’associer la progression des moyens techniques à une évolution de nos comportements individuels et de nos perceptions sociales, combinant l’essor des EnR avec l’efficacité énergétique, et au-delà à une gestion durable de la demande d’énergie, qui ne doit pas se traduire par un effet rebond. 

    Les EnR sont, enfin, un facteur d’atténuation des tensions géopolitiques et migratoires dans le monde. En autoproduisant l’énergie qu’elles consomment, les nations s’affranchissent de leurs dépendances aux combustibles vis-à-vis des pays exportateurs et de leurs prix internationaux.  Le déploiement de l’accès aux énergies renouvelables dans les pays en développement, notamment pour les 600 millions d’habitants en Afrique subsaharienne qui en sont dépourvus, suscite des activités génératrices de revenus et d’emplois dont le déficit est le principal facteur d’exode rural et de migrations internationales. Ainsi, les EnR constituent l’un des supports du destin durable commun de l’Europe et de l’Afrique. 

    Il a fallu 50 ans pour démontrer que les ambitions des pionniers des énergies renouvelables étaient fondées. Nous n’avons plus un tel délai pour limiter le changement du climat avant qu’il ne soit trop tard. Les solutions sont là, disponibles, accessibles, compétitives et proches des citoyens. La principale question est celle de la mobilisation de tous. L’appel de la conférence du Collège de France est bien celui d’un engagement collectif pour que les énergies issues du soleil soient au service de l’humanité.

Notes 

  1. Site web : https://www.soleilethumanite.com/.  Texte de l’appel à agir ensemble et signature : https://www. soleilethumanite.com/appel-a-agir/. 
  2. IEA, Renewables 2023, Executivesummary-WorldEnergyOutlook2023.pdf (windows.net)
  3. Site web : https://energie-partagee.org/
  4. Délibération de la CRE N° 2023-217 du 31 août 2023.

Biographies 

Daniel Lincot est directeur de recherche émérite au CNRS sur l’énergie solaire photovoltaïque (PV). Entré au CNRS à Chimie Paristech en 1980, il se consacre à la photoélectrochimie des semi-conducteurs, puis à l’élaboration de couches minces pour les applications PV. Il contribue avec EDF à la création de l’Institut de recherche et de développement sur l’énergie PV (IRDEP 2005-2018). En 2013, il participe au lancement de l’Institut PV d’Île-de-France (IPVF) dont il sera directeur scientifique jusqu’en juillet 2019. Professeur invité au Collège de France dans la chaire innovation technologique Liliane Bettencourt 2021-2022 sur le thème « Énergie solaire PV et transition énergétique », il est élu en 2024 à l’Académie des technologies. 3. 4. Site web : https://energie-partagee.org/. Délibération de la CRE N° 2023-217 du 31 août 2023.

Jean Jouzel est un paléoclimatologue français, directeur de recherche émérite au CEA. En 1987, avec Claude Lorius, il publie la première étude établissant formellement le lien entre concentration de CO2 dans l’atmosphère et réchauffement climatique. En 1994,  il est nommé membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), et assure de 2002 à 2015 la vice-présidence du groupe de travail sur les bases physiques du changement climatique. Mondialement reconnu pour ses travaux sur l’évolution du climat et lauréat de nombreuses distinctions scientifiques, parmi lesquelles la médaille d’or du CNRS et le prix Vetlesen, il est membre des Académies des sciences de France, d’Italie, d’Europe, des États-Unis et d’Australie.

lundi 11 mars 2024

La contribution des batteries de VE au stockage et à l'équilibre du réseau électrique.

Avec 10 ans de retard sur le Japon, les USA, le Royaume Uni ... la technologie V2X arrive enfin en France. L'occasion d'ajouter une brique de plus à la démarche CoopéractiVE d'accompagner les territoires vers l'autonomie énergétique en intégrant le potentiel de stockage des batteries de VE dans les boucles d'autoconsommation collective et de contribuer ainsi à l'équilibre du réseau électrique.


Le V2G (Vehicule to Grid), c'est quoi ? Alain Thoral, responsable Solutions Energie chez Mobilize, vous présente cette technologie qui sera développée avec la commercialisation de la Renault 5 en 2024.  ( L'Argus )
En neuf questions et réponses simples, devenez incollable sur le sujet.
📕Au sommaire de cette vidéo : 
00:00 Introduction 00:31 Qu’est ce que le Vehicle-to-Grid (V2G) ? 00:48 Comment fonctionne le V2G ? 01:14 Quelles actions doit réaliser l’utilisateur ? 01:57 Quel est le risque pour la batterie ? 02:27 Ma voiture peut-elle se retrouver complètement déchargée ? 02:55 Combien coûte la borne Mobilize qui autorise le V2G ? 03:30 Quelles sont les économies promises ? 03:49 L’électricité de ma voiture renvoyée dans le réseau sert-elle à alimenter ma maison ? 04:17 Quand le service sera-t-il opérationnel ?

lundi 4 mars 2024

Livre blanc sur l'autoconsommation collective et les communautés d'énergie.

publié par l’association Think Smartgrids en collaboration avec la FNCCR

Le document est un livre blanc sur l’autoconsommation collective (ACC) et les nouvelles perspectives offertes par les communautés d’énergie en France, publié par l’association Think Smartgrids en collaboration avec la FNCCR.
L’ACC permet de partager une production d’électricité locale entre plusieurs producteurs et consommateurs situés dans un même bâtiment ou à proximité géographique, en se regroupant au sein d’une entité juridique appelée Personne Morale Organisatrice (PMO).
L’ACC présente de nombreux avantages pour les acteurs du territoire, tels que renforcer leur indépendance énergétique, accélérer le développement des énergies renouvelables, maîtriser le coût de l’électricité, sensibiliser les citoyens à la transition énergétique et offrir des services de flexibilité au réseau électrique.
Le livre blanc fait un état des lieux de l’ACC en France, présente les nouveaux acteurs et offres de services, analyse les technologies clés et les pistes pour favoriser le développement des projets, et discute des apports potentiels des directives européennes introduisant les communautés d’énergie citoyennes et renouvelables.
Le livre blanc formule également un ensemble de recommandations pour lever les freins existants et faciliter le déploiement de l’ACC, notamment sur la formation et l’accompagnement des acteurs, les évolutions réglementaires souhaitées, les innovations sociales, contractuelles et de marché, et les outils et dispositifs de soutien

Autoconsommation collective et communautés d'énergie, une dynamique de territoire (Energaïa 12/2023)


Avec la crise énergétique, l’autoconsommation photovoltaïque collective connaît une belle croissance pour permettre en partie de limiter la hausse du coût de l’énergie. Mais elle peut être davantage encouragée pour accélérer la transition énergétique et comme outil de lutte contre la précarité énergétique. Cette table ronde permet de faire le point sur les avancées de la réglementation, les innovations techniques et les dynamiques de territoire.

 Table ronde organisée en partenariat avec le pôle DERBI

 Animateur : Jean-Louis BUSQUET, rédacteur en chef de Plein Soleil 
  •  Éclairage sur la réglementation de l’autoconsommation collective
  • Concrètement, comment se monte une opération d’autoconsommation collective ?
  • L’optimisation de l’autoconsommation collective grâce aux outils numérique
  • L’autoconsommation collective dans les territoires ruraux
  • Retours d’expériences du Parc Naturel Régional Corbières Fenouillèdes, une collectivité facilitatrice de l’autoconsommation collective et de la société Enogrid
Intervenants :
Frédéric LECLERC, Avocat associé du cabinet, IN'NOVA
Clémence SOUID-PONCELIN, Animatrice de réseau - Énergies citoyennes, ECLR OCCITANIE
Benoit FROIDUROT, Chef du service Smartgrids, Stockage et Efficacité énergétique du bâtiment, CEA LITEN
David AUGEIX, Président, INCIDENCES
Jordan MAZARDO, Directeur adjoint, PARC NATUREL RÉGIONAL CORBIÈRES FENOUILLÈDES
Rémi BASTIEN, Président & Co-fondateur, ENOGRID

L’autoconsommation collective pour les entreprises : il est temps de passer à la pratique

 Tribune de François FERRARI, Cabinet d’Avocats ACTAH, ACTAH Lawyers Office reproduite par le blog de TECSOL: 

L’autoconsommation pour les particuliers se développe car elle représente une alternative intéressante à long terme. Pour les entreprises, les exemples sont beaucoup moins nombreux malgré deux facteurs fortement incitatifs : l’augmentation très sensible du prix de l’électricité et la baisse importante du prix des panneaux photovoltaïques depuis 18 mois.

Chaque projet d’autoconsommation d’entreprise est unique

Ce mode de production d’énergie présente l’avantage de ne pas être astreint aux contraintes spécifiques liées à l’obligation d’achat. Toutefois, une opération d’autoconsommation envisagée par une entreprise doit répondre à un certain nombre de critères pour être rentable et donc aisément finançable. Le premier point à envisager est naturellement la structure de la consommation électrique de l’entreprise. Le montant du global de la consommation est une indication mais elle est insuffisante. La production photovoltaïque présente une courbe significative, bien connue de tous. Il faut déterminer, notamment pour calculer la puissance à installer, comment l’électricité est consommée. À ce niveau, chaque entreprise est unique. Il n’existe pas de formule standard. Les dossiers sur lesquels nous avons travaillé ont permis, en collaboration avec des bureaux d’études techniques, d’envisager des solutions calculées au plus près des besoins de chaque site. Par exemple, un centre logistique équipé de chambres froides s’est vu appliquer des solutions très différentes de celles envisagées pour un centre commercial.

Les outils juridiques existent pour une optimisation en interne


L’expérience des divers dossiers permet d’affirmer que des solutions techniques et juridiques sont systématiquement trouvées. Il est possible de prendre pour exemple la construction du siège social d’une entreprise concevant, faisant fabriquer et distribuant des accessoires informatiques. Le siège comporte deux zones distinctes : des bureaux abritant les ingénieurs, les commerciaux, les services comptables,… Et une zone de réception des marchandises, de conditionnement et d’emballage. Les surfaces de toiture du site permettent d’installer près de 200 kWc de panneaux solaires. Cette puissance excède largement les besoins de l’entreprise. A court terme, aucun stockage sur batterie n’est prévu. La réflexion menée avec l’installateur de la centrale a été la suivante, à court et moyen terme. La zone de bureau nécessite une climatisation tout au long de l’année. En revanche, la zone de réception stockage et conditionnement des marchandises sera chauffée ou rafraichie uniquement en cas de température extérieure extrême.

Le besoin en énergie augmentant avec la présence des salariés dans l’entreprise, il est évident que la centrale photovoltaïque ne peut fournir en hiver l’énergie nécessaire en début de matinée ou en fin d’après-midi. C’est la raison pour laquelle est prévu un accord d’entreprise : les salariés disposant de véhicules électriques et souhaitant mettre leurs capacités de stockage à disposition de l’entreprise bénéficieront d’un complément de recharge lorsque la production photovoltaïque sera à son maximum. En pratique, un salarié arrivant sur site avec un véhicule chargé à 70 %, accepte que durant les premières heures de la journée de l’énergie soit prélevée sur son véhicule qui bénéficiera, quelques heures plus tard, d’une recharge et quittera l’entreprise avec 90 % de charge. Ainsi, la capacité de stockage du véhicule est utilisée pendant les heures sans soleil, mais le salarié est bénéficiaire dans cette opération puisqu’il dispose d’une recharge partielle gratuite. Juridiquement, tous les outils existent pour mettre en œuvre cette solution. Les véhicules autorisant la décharge de leur batterie vers une borne restent, pour l’instant, extrêmement rares. Il serait toutefois dommage de ne pas prévoir, dès la conception de la centrale, les équipements nécessaires.

Les outils juridiques existent pour utiliser au mieux toute l’énergie produite


La puissance installée étant sensiblement supérieure aux besoins, il a été fait appel aux autres entreprises situées dans la même zone d’activité. La réponse a été immédiatement positive et, une nouvelle fois, l’opération est profitable à tous. Une entreprise située sur une parcelle jouxtant celle de la centrale a ainsi conclu, dans le cadre d’une opération d’autoconsommation collective, un contrat lui permettant d’acheter son électricité à un prix qui ne variera pas dans les années à venir. En outre, cette énergie est beaucoup moins chère que la meilleure offre réseau. L’avantage pour l’entreprise disposant de la centrale est évident : les surplus d’énergie sont valorisés à un prix supérieur à celui de l’obligation d’achat. Les deux parcelles étant voisines, le TURPE ne vient pas grever l’équilibre économique de l’opération. Une troisième entreprise, elle aussi située dans le périmètre réglementaire de l’autoconsommation collective, achèvera de consommer les kWh restants.

Ceux produits le week-end pourraient être distribués localement. Les conventions établies pour l’autoconsommation prévoient dès le départ que le site producteur pourra, à terme, être équipé d’un dispositif de stockage, lui permettant d’autoconsommer davantage ce qui, mécaniquement, fera baisser la quantité d’énergie, mise à disposition des partenaires. Toutefois, ce projet a l’intérêt de démontrer aux autres entreprises situées sur le site les avantages d’une opération d’autoconsommation maîtrisée afin qu’elles deviennent productrices. Un accompagnement juridique, fiscal et financier est nécessaire car les établissements bancaires finançant ces opérations découvrent ce nouveau mode d’exploitation d’une centrale photovoltaïque. Cependant, dès à présent, tous les outils juridiques existent et sont fiables.