lundi 30 septembre 2024

Présentation projet CER & ACC


    Le projet de Communauté d’Energie renouvelable (CER) s’inscrit dans la droite ligne des objectifs de « territoire à énergie positive » du Plan Climat Air Énergie Territorial de Grand Auch Cœur de Gascogne (GACG).
    Favoriser l’efficacité énergétique et le déploiement d’énergies renouvelables en y associant les communes et leurs habitants.
De multiples initiatives de production d’électricité photovoltaïque, collectives ou individuelles mais la plupart du temps isolées, ont vu le jour ces dernières années sur notre territoire. Leur retour d’expérience confirme l’important potentiel énergétique solaire de nos toitures et espaces artificialisés (parkings, friches et bâtiments industriels …) prouvant ainsi l’intérêt de nos concitoyens, lorsqu’ils en ont les moyens financiers, pour ces démarches vertueuses . Toutefois cet intérêt est évidemment limité (< 50% d’autoconsommation) par l’aspect intermittent de ce type de production et suppose donc le recours à des moyens complémentaires pour accroitre le niveau d’autonomie énergétique. 
C’est à cette fin qu’est envisagée la création d’une Communauté d’énergie renouvelable ( art L291 du code de l’énergie ) permettant de produire, partager, stocker et vendre l’énergie produite et mutualisée par les différents acteurs regroupés dans des boucles d’autoconsommation collective. 
Conçue sur le mode associatif cette initiative d’économie sociale nécessite un recours à des compétences pour « manager » les aspects techniques de la démarche et l’animation du territoire afin d’en faciliter l’accès au plus grand nombre de nos concitoyens; c’est aussi pourquoi cette CER assurera la fonction de personne morale organisatrice pour le compte des différentes boucles intercommunales d’ACC. Le succès d’une telle démarche nécessitant l’adhésion d’un nombre régulièrement croissant de participants, pour atteindre le seuil d’équilibre économique, suppose de pouvoir s’appuyer sur des relais locaux à l’échelon communal.       

Quels retours attendre de la démarche :
  • En premier lieu s’extraire le plus possible de la dépendance aux énergies fossiles en augmentant le taux de production d’énergie renouvelable (essentiellement photovoltaïque pour ce qui concerne GACG)
  • Alléger la facture énergétique des collectivités, entreprises et citoyens en se protégeant de la spéculation sur le coût de l’énergie.
  • Accompagner la transition vers des transports décarbonés et la sobriété énergétique; pour un même trajet le véhicule électrique consomme 4 fois moins d’énergie et rend encore plus vertueux le covoiturage ou l’autopartage.
  • Production et consommation en circuit court, outre la sensibilisation au potentiel des ENR, favorisent des comportements énergétiques plus vertueux et l’apprentissage de pratiques mutualistes et coopératives.
  • Ces démarches collectives auront également un intérêt économique en permettant le recours à des groupement d’achat pour faciliter les investissements en faveur de la transition énergétique. 
  • L’abandon progressif des énergies polluantes conjugué avec le pas, ou peu, de prédation de ressources naturelles seront bénéfiques au plan environnemental comme le futur recyclage des composants utilisés par les technologies photovoltaïques et électromobiles.
  • Bénéfique également pour les territoires la valorisation photovoltaïque des toitures et zones artificialisées.

samedi 28 septembre 2024

Daniel Bour et Emmanuelle Wargon en ouverture de la 7ème Université de l’Autoconsommation d’Enerplan.


Emmanuelle Wargon, Présidente de la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) : "... il fallait vraiment qu'on embrasse ce sujet de l'autoconsommation, il existe, il est important. Sur l'autoconsommation individuelle à la fois parce que c'est une source de développement et, à la fois pour les raisons que je vous indiquait, parce que je pense que c'est une bonne manière de de faire toucher du doigt à chacun la transition écologique. Et sur l'autoconsommation collective parce que ça peut être un élément très important d'un projet de territoire dans lequel vous avez de la production, des changements de comportement, là aussi un engagement de collectivité et d'un collectif qui a envie de d'être vraiment acteur de cette transition ...
    Et de conclure que l’autoconsommation, « c’est aussi un moyen pour nos concitoyens de maîtriser leurs factures…ce sont des entreprises, des collectivités, des citoyens qui finalement sont aux avant-postes des évolutions des usages, et que l’on a un lien évident avec la voiture électrique et avec la flexibilité »."

jeudi 1 août 2024

Extraits de la table ronde lors de la dernière AG du pôle DERBI


Extrait des propos de M. Andre JOFFRE, Président du Pôle de compétitivité DERBI 

" En région on n’a pas le même le même sentiment que ce que vous pouvez avoir à Paris avec la proximité des décideurs… 
Pour revenir sur des choses concrètes, en fait, les progrès qui ont été faits sur notamment les prix du kWh solaire produits, il ne faut pas oublier qu'il y a deux raisons ce sont :
d'une part la massification des productions de panneaux solaires, et comme on est sur des produits à faible contenu minier et sans matière première coûteuse, plus on en fabrique plus les prix baissent ; c'est l'industrie de transformation. 
et puis le deuxième aspect c'est l’augmentation les rendements des panneaux et ça c'est de l'innovation 
Ce sont les deux jambes des progrès qui ont été faits, et à l’usine de Fos sur mer par exemple on verra une technologie nouvelle s'implémenter et ça sera très important. 

Le panneau solaire, finalement, ne va représenter qu'une toute petite partie du prix des installations.
    A terme ça ne coûtera presque plus rien et en fait ce n'est plus la production d'électrons qui va coûter de l'argent mais plutôt sa mise en œuvre, sa valorisation et ça c'est véritablement le métier de toutes ces entreprises qui vont se créer. 
    D'ici là en 2030 ce sont aussi les gens qui vont permettre d’optimiser la recherche sur la capacité de stockage des batteries de voitures etc…
Il y a plein de métiers, d'ingénierie et, d'une façon générale, par le rapprochement du digital et de l'énergie, qui sont les fondamentaux de Derbi depuis presque 20 ans qu'on travaille sur ces questions là. 
 C’est véritablement là qu'il va y avoir la plus grande valeur ajoutée. 
Il y aura bien sûr les grandes centrales de production, mais il va y avoir tous ces usages qui vont faire qu'on utilisera plus l'électricité sur place ,sur les lieux de production, avec l'autoconsommation mais aussi l'autoconsommation collective, les communautés d'énergies renouvelables. 
Tout ça va permettre d'éviter de transporter d'électricité et c'est cette piste là qui va être génératrice de beaucoup de création d'entreprise et de leur développement.

    J'ai entendu l'autre jour le ministre à Manosque dire « Vous savez le solaire c'est des trucs, ça se passe dans le mois ! Faire une installation solaire c'est une question de semaines, de mois alors que le nucléaire c'est une question d'années voire de décennies ! »  Avant c'étaient les opposants au nucléaire qui disaient ça ; il faut bien reconnaître quand même que c'est quand même pas mal et quand il annonce effectivement 6 GW d'installation par an, ça parle quoi, je veux dire que ça serait difficile de revenir en arrière. Qu'on soit passé d’un objectif de 100 GW non pas en 2050 mais en 2035 c'est quand même un progrès et  je pense qu'on fera mieux que ça. Messieurs des réseaux il faut vous y préparer on va faire mieux !  Pourquoi ?

Le solaire va être une banalité et même une commodité.

    On va construire des toits et quand on construira un toit il sera forcément solaire parce que ça coûtera moins cher qu’un toit en tuile. Ce qui va se passer après c'est très simple, ce n'est que de l'usage, et il y aura peut-être des panneaux solaires qui seront installés et qui seront pas raccordés parce que tout simplement on va avoir une profusion, une abondance de kWh, d'électrons et toute la difficulté va être d’en d'optimiser l'usage qu'on va en faire. 

    C'est ça le vrai sujet. C'est le vrai boulot qu'on a à faire nous à Derbi c'est d'inventer un peu de ce monde qui va venir. Et par exemple on a l'opportunité d'avoir, en 2030, 2 millions de véhicules ça fait 100 GWh de batterie qui seront disponibles et vous avez vu que la nouvelle Renault 5 qui sort est une voiture à charge bidirectionnelle. Elle va permettre de faire plein de choses et il ne faut pas laisser à Tesla le soin de le faire alors que nous avons en France toutes les capacités pour inventer ce type de choses. Donc voilà il faut il faut y aller quoi ! c'est le moment !




vendredi 5 juillet 2024

Solaire photovoltaïque : l’énergie de flux qui change la donne ( Christian de Perthuis )

Source : The Economist, édition du 22 juin 2024

Dans son édition du 22 juin, The Economist consacre une série d’articles à la montée en régime de l’énergie solaire. L’occasion de revenir sur le rôle crucial de cette énergie amenée à devenir, d’ici quelques décennies, la première source d’énergie primaire utilisée dans le monde (actuellement 1% pour un peu plus de 5% de l’électricité mondiale produite).

Une troublante série d’erreurs de prévisions

En 2009, les experts de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipaient que les capacités solaires installées dans le monde allaient atteindre 244 GW en 2030 (contre 23 GW en 2009). Les 244 GW furent atteints dès 2016. Les projections de Greenpeace – 921 GW en 2030 – étaient alors considérées par la majorité des experts comme un fantasme irréaliste de militants écolos. Elles ont pourtant été dépassées dès 2023 où ces capacités ont atteint 1400 GW !

En matière de projection d’énergie solaire, cela fait 25 ans que les experts se trompent lourdement. Ils sous-estiment le rythme du déploiement de cette énergie, révisent ensuite leurs chiffres à la hausse, pour être à nouveau dépassés quelques années plus tard comme l’illustre le graphique ci-dessous.

Source : The Economist, 20 juin 2024


La cause de ce biais systématique ? Une mauvaise anticipation de la baisse spectaculaire des coûts de production du photovoltaïque et du stockage de l’électricité.

Changement d’échelle de production et effondrement des coûts.

L’effondrement des coûts du photovoltaïque est une donnée majeure. En 2015, au moment de l’adoption de l’Accord de Paris, le coût de production moyen du MWh d’origine photovoltaïque était estimé à un peu plus de 120 $ contre 50 à 75 $ pour le MWh produit à partir du charbon. Aujourd’hui, il est inférieur à 40 $ alors que celui provenant de la combustion du charbon a plutôt augmenté du fait de la hausse des cours.

Cette baisse ne traduit pas une rupture technologique. Pour le photovoltaïque, l’innovation de rupture consistant à récupérer l’énergie présente dans le flux solaire irradiant la planète remonte à la seconde moitié du XIX° siècle. Les premiers panneaux photovoltaïques ont été testés sur des toits de Manhattan dès la décennie 1880.

Panneau photovoltaïque installé en 1884 par Charles Fritts à Manhattan

Fonctionnant au sélénium, leur conception était manifestement artisanale (voir photo). Leur rendement énergétique était très faible et le KWh obtenu horriblement coûteux. Tant que subsistera cette barrière prohibitive des coûts, l’innovation de rupture consistant à convertir le flux solaire en énergie électrique n’aura pas d’impact sur le fonctionnement du système énergétique.

Durant les deux dernières décennies, c’est le changement d’échelle dû à l’industrialisation des procédés qui a changé la donne. Cette industrialisation concerne la production de polysilicium (produit à partir du quartz, une matière disponible en abondance à la surface du globe) fournissant l’ingrédient de base des modules solaires, comme la fabrication des panneaux eux-mêmes. Et tout laisse penser que ces baisses de coût ne sont pas près de s’infléchir.

La Chine et les autres

Concernant le polysilicium utilisé par l’industrie solaire, les fonderies chinoises fournissent 93% du marché mondial. Les craintes de pénurie apparues pendant l’épidémie du COVID ont provoqué une remontée temporaire des cours (voir graphique) et une vague majeure d’investissement. Les deux sociétés leader, GCL-Poly et Tongwei, disposaient de capacités suffisantes pour couvrir l’intégralité de la demande mondiale en 2023. A la suite de leurs investissements massifs (3,9 milliards de dollars pour Tongwei pour une seule fonderie), on estime que la Chine sera bientôt capable de fournir de quoi installer chaque année une puissance de 3500 GW de solaire (environ 5 fois la capacité qui sera installée dans le monde en 2024).

Source : The Economist
La domination mondiale de l’industrie chinoise des panneaux photovoltaïques est moindre : elle ne contrôle que de l’ordre de 80 % de l’offre mondiale. Depuis 2021, cette industrie a triplé sa capacité de production qui a atteint de l’ordre de 1000 GW en 2023. C’est une industrie en pleine consolidation du fait de la guerre des prix interne. Sa suprématie est contestée par les Etats-Unis et l’Union européenne qui ont érigé des barrières douanières. Cette consolidation devrait conduire à une réduction du nombre des industriels chinois mais pas à celle de leur capacité de production qui pourrait atteindre de l’ordre de 1700 GW en 2026.

La fabrication des batteries permettant de stocker l’électricité, a connu durant les deux dernières décennies un révolution identique des coûts de production qui ont diminué à un rythme similaire à celui des panneaux photovoltaïques. Pour les mêmes raisons : l’élargissement de l’échelle de production obtenu grâce à l’industrialisation des procédés. Ici encore, la dynamique de départ a été largement portée par la Chine, mais les industries américaine et européenne y défendent mieux leur position que sur le photovoltaïque.

La disponibilité de moyens de stockage constitue, avec la gestion intelligente de la demande sur les réseaux électriques, une réponse à l’intermittence qui limiterait sinon l’intérêt de la source solaire.

Le potentiel de croissance du solaire est devant nous

C’est connu, toute croissance exponentielle est amenée un jour à s’infléchir. Ce sera le cas de l’industrie solaire à terme. Mais cette inflexion ne devrait se produire que lorsque le photovoltaïque aura pris la place de première source d’énergie utilisée dans le monde, sans doute durant la décennie 2040. D’ici là, trois puissants facteurs devraient contribuer à son déploiement rapide et peut-être encore sous-estimé :

  • La poursuite de la baisse des coûts pour les raisons précédemment évoquées ; 
  • l’élargissement de la pénétration du solaire dans les immenses zones du Sud à fort ensoleillement où il est encore peu ou pas présent (voir carte ci-dessus) ; 
  • La facilité d’installation de cette nouvelle source d’énergie et surtout sa modularité qui permet au photovoltaïque aussi bien des utilisations décentralisées individuelles ou collectives que des productions massives dans des fermes géantes pouvant être connectées à des réseaux de transport de longue distance.

Cette projection du rôle de l’énergie solaire dans le futur, pose la question de la place des autres moyens de production d’énergie décarbonée dans le mix énergétique de demain, et en particulier celle du nucléaire qui ne connaît pas de baisses similaires de coûts. Une question qu’il faudra bien un jour discuter de façon non polémique en France, en intégrant toutes les informations sur la révolution que nous promet le basculement du système énergétique vers les énergies de flux.

*****

Note pour le lecteur : tous les chiffres utilisés dans cet article sont tirés du dossier de The Economist.

Lire le dossier de The Economist (accès réservé) : ICI

Lire l’article de The Economist sur l’industrie chinoise (accès réservé) : ICI


NDLR : Cet article est a été publié sur le blog de Christian de Perthuis professeur associé d’économie à l’université Paris-Dauphine , où il a fondé en 2009 la Chaire économie du climat (CEC).


jeudi 11 avril 2024

GROUPEE 4.0 *: Une expérimentation innovante intégrant le recours au VE au V2H dans l'autoconsommation collective.


Une expérimentation innovante* dans les Hauts-de-France qui combine mobilité électrique et autoconsommation collective. Le projet Groupee 4.0 est mené par le bailleur social Partenord Habitat, l’école des Arts et Métiers, Enedis et EDF, et financé par l’ADEME et la Région Hauts-de-France. En plus d’une production photovoltaïque en autoconsommation, le projet a mis à disposition des locataires un service d’autopartage avec un véhicule électrique et une borne de recharge bidirectionnelle permettant à la batterie du véhicule de stocker de l’énergie en fonction de la production des PV et de la restituer en fonction des besoins du bâtiment et des logements participants. Le choix d’intégrer un service d’autopartage doté de la technologie « vehicule-to-grid » est issu des différents scénarios testés par la plateforme EPMLAB des Arts et Métiers de Lille. 
Lancé fin 2020, le projet a d’abord mis en place l’autoconsommation collective pour couvrir les besoins des parties communes des immeubles d’habitation, avec une installation photovoltaïque de 16 kWc. Le service d’autopartage a été proposé aux résidents à des conditions tarifaires modérées à partir de 2021. La recharge bidirectionnelle (V2G) a été activée en octobre 2022, puis 6 foyers ont intégré l’opération en janvier 2023. Dans cette configuration, un scénario intégrant au maximum 10 foyers et l’autopartage du véhicule électrique avec le mode V2G prévoit une autoconsommation annuelle de 60%, incluant une augmentation de 20% grâce au dispositif V2G. Ce taux peut sembler bas, mais il s’explique en raison du faible nombre de participants. L’autoproduction (la part de la consommation des participants couverte par la production des PV de l’opération) est quant à elle de 40%, ce qui permet une réduction de la facture électrique globale du démonstrateur de 28%. Pour atteindre un taux proche de 100% d’autoconsommation, il faudrait augmenter le nombre de participants, même si cela implique de baisser le taux d’autoproduction de chaque participant. À noter que la clé de répartition donne la priorité aux parties communes, puis au véhicule, l’énergie restante étant redistribuée aux locataires. Concernant la rentabilité du projet, elle est estimée à 23 ans sans subventions, et à 12 ans grâce aux financements publics obtenus. Il faut aussi noter que l’empreinte carbone de l’installation est couverte en 11 ans. Le service de mobilité électrique en auto-partage notamment divise par 10 les émissions de CO2 pour les parcours en ville (et par 32 le coût du km). Parmi les difficultés évoquées par les chercheurs de Campus Arts et Métiers de Lille interrogés, le recrutement et l’implication des locataires a nécessité une communication importante et soutenue du bailleur et de ses partenaires. 

*Commentaires extraits du livre blanc rédigé par un groupe de travail dédié de l’association Think Smartgrids, impliquant une trentaine de membres, en collaboration avec la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) , partenaire de l’association. 

jeudi 4 avril 2024

Autoconsommation photovoltaïque : "Il est temps de sonner la mobilisation générale"

Pour Laetitia Brottier, vice-présidente d’Enerplan, « L’autoconsommation coche toutes les cases : de l’énergie moins chère et décarbonée, de l’autonomie et de la sécurité d’approvisionnement. Le bouclier tarifaire le plus solide, c’est l’autoconsommation : les ménages l’ont bien compris, leur engouement en est la preuve. A l’heure où le retard de la France dans le déploiement des renouvelables est patent, alors que nous sommes très loin de nos voisins européens sur l’équipement solaire des toitures, il est temps de sonner la mobilisation générale. Non seulement pour réduire les factures, non seulement pour réduire nos consommations d’énergies fossiles, mais aussi pour créer les emplois de la transition énergétique. »

mercredi 13 mars 2024

Le soleil au service de l’humanité, un engagement citoyen et collectif (Tribune de Daniel Lincot et Jean Jouzel)

 Le soleil au service de l’humanité,  un engagement citoyen et collectif  

(Tribune de Daniel Lincot et Jean Jouzel)

    Le 12 décembre 2023, le Collège de France a accueilli la conférence : « Énergie solaire, urgence climatique et engagement collectif », pour le cinquantième anniversaire du congrès organisé à l’UNESCO en 1973 « Le soleil au service de l’homme ». 

    Alors que la COP28 se concluait à Dubaï sur un bilan mitigé, avec néanmoins quelques avancées, les acteurs des énergies renouvelables (EnR) en France et au-delà se sont réunis pour témoigner de l’immense enjeu auquel ces énergies répondent face à l’urgence climatique, de l’essor scientifique, industriel et économique de ces technologies depuis 50 ans ainsi que des engagements des citoyens et de leurs élus pour que ces énergies soient au cœur du développement de notre société (1). 

    Il y a 50 ans, alors que les applications de l’énergie solaire se cantonnaient aux usages du spatial et quelques sites isolés, les pionniers des EnR étaient visionnaires en affirmant qu’elles pourraient contribuer de façon majeure à l’énergie utilisée par l’humanité. Si le chemin a été jalonné d’embûches et d’atermoiements, les résultats sont à la hauteur de leurs ambitions. Les investissements annuels dans les EnR électriques au niveau mondial dépassent désormais les investissements réalisés dans toute forme d’énergie, comme le souligne l’Agence Internationale de l’Énergie. En 2023, d’après cette agence, les ajouts de nouvelles capacités EnR électriques ont crû de 50 % par rapport à 2022 et totalisent 510 GW de capacités installées. Les trois quarts de cette augmentation proviennent du solaire photovoltaïque (2).

Fin 2023, plus de 400 000 foyers sont autoconsommateurs d’énergie solaire photovoltaïque en France, dont 200 000 pour la seule année 2023 et, selon RTE, ce chiffre devrait, d’ici 2030, atteindre 4 millions de foyers soit 13 % des ménages français. Les raccordements photovoltaïques ont augmenté de 30 % entre 2022 et 2023 selon Enedis. Ce chiffre témoigne de l’engouement des Français pour cette énergie et montre que les EnR sont aussi une affaire de citoyens. Ces derniers s’engagent concrètement dans leur approvisionnement énergétique pour ne plus rester simples consommateurs d’électricité centralisée. 

    Cette implication individuelle des citoyens dans l’énergie solaire se conjugue avec une forte croissance des projets solaires et éoliens portés par des collectifs de citoyens. Ces initiatives locales sont maintenant appuyées par une association nationale, « Énergie Partagée », qui leur apporte un soutien technique et financier. 338 projets citoyens ont été labellisés, totalisant près de 700 MW de puissance installée à ce jour et 100 millions d’euros d’investissement. 30 400 citoyens et 825 collectivités sont membres de sociétés locales qui portent ces projets, qui bénéficient en outre de l’investissement financier des 7 400 actionnaires d’Énergie Partagée Investissement (3). 

    Mais les citoyens ne sont pas les seuls à s’engager. Les collectivités locales sont également le fer de lance du déploiement des EnR dans leur territoire. En créant des sociétés de projets dédiées et en investissant dans ces projets, elles deviennent des acteurs essentiels de la transition énergétique. En réservant les zones de leur territoire propices à l’accélération des EnR dans lecadre de la loi de 2023, elles assurent la maîtrise d’ouvrage de leur avenir énergétique. 

    En s’engageant ainsi pour les EnR, ces acteurs de terrain ne s’y trompent pas. Les EnR sont désormais les énergies les plus compétitives pour la production d’électricité : moins coûteuses que les énergies fossiles qui doivent disparaître de notre mix énergétique, ou que le nucléaire. Ainsi, dans les derniers appels d’offres de la CRE, le prix de l’électricité issue des centrales solaires est de l’ordre de 80 €/MWh (4) , et il peut descendre à 20 €/ MWh dans certains pays du monde. D’ici à 2035, les EnR sont les seules capables d’augmenter nos capacités de production d’électricité décarbonée. L’urgence climatique, c’est maintenant ! 

    Cette rationalité économique est bien comprise par les acteurs industriels, présents sur les marchés concurrentiels de l’énergie. La division en 10 ans du prix du solaire et de l’éolien par un facteur supérieur à 10 réduit considérablement les incertitudes sur la volatilité des prix de l’énergie. En France, les investissements dans les EnR se développent à un rythme accéléré en créant des emplois et se multiplieront pour peu que les pouvoirs publics intègrent ces dynamiques industrielles dans leurs exercices de planification énergétique. Cette dynamique se conjugue aujourd’hui avec celle du stockage par les batteries et l’hydrogène, répondant ainsi à la question de la gestion de la variabilité, à la fois à court terme et en intersaisonnier, à laquelle il faut aussi ajouter les progrès du réseau électrique, permettant un pilotage instantané des flux électriques sur l’ensemble du territoire. Ces trois pôles, EnR, stockage et pilotage intelligent, se complètent et créent une opportunité exceptionnelle et nouvelle pour la transition énergétique. 

    La conférence du Collège de France a également montré la dynamique scientifique et technologique. Les recherches et les développements conduits dans les laboratoires par les chercheurs et les entreprises donneront lieu à des innovations dans les toutes prochaines années. Les baisses de coûts et l’amélioration des rendements se traduiront par une compétitivité encore plus affirmée. La communauté scientifique et technologique française était visionnaire en 1973 : les énergies renouvelables sont, maintenant, un atout majeur dans la compétition internationale. 

    Cette conférence a aussi rappelé l’importance d’associer la progression des moyens techniques à une évolution de nos comportements individuels et de nos perceptions sociales, combinant l’essor des EnR avec l’efficacité énergétique, et au-delà à une gestion durable de la demande d’énergie, qui ne doit pas se traduire par un effet rebond. 

    Les EnR sont, enfin, un facteur d’atténuation des tensions géopolitiques et migratoires dans le monde. En autoproduisant l’énergie qu’elles consomment, les nations s’affranchissent de leurs dépendances aux combustibles vis-à-vis des pays exportateurs et de leurs prix internationaux.  Le déploiement de l’accès aux énergies renouvelables dans les pays en développement, notamment pour les 600 millions d’habitants en Afrique subsaharienne qui en sont dépourvus, suscite des activités génératrices de revenus et d’emplois dont le déficit est le principal facteur d’exode rural et de migrations internationales. Ainsi, les EnR constituent l’un des supports du destin durable commun de l’Europe et de l’Afrique. 

    Il a fallu 50 ans pour démontrer que les ambitions des pionniers des énergies renouvelables étaient fondées. Nous n’avons plus un tel délai pour limiter le changement du climat avant qu’il ne soit trop tard. Les solutions sont là, disponibles, accessibles, compétitives et proches des citoyens. La principale question est celle de la mobilisation de tous. L’appel de la conférence du Collège de France est bien celui d’un engagement collectif pour que les énergies issues du soleil soient au service de l’humanité.

Notes 

  1. Site web : https://www.soleilethumanite.com/.  Texte de l’appel à agir ensemble et signature : https://www. soleilethumanite.com/appel-a-agir/. 
  2. IEA, Renewables 2023, Executivesummary-WorldEnergyOutlook2023.pdf (windows.net)
  3. Site web : https://energie-partagee.org/
  4. Délibération de la CRE N° 2023-217 du 31 août 2023.

Biographies 

Daniel Lincot est directeur de recherche émérite au CNRS sur l’énergie solaire photovoltaïque (PV). Entré au CNRS à Chimie Paristech en 1980, il se consacre à la photoélectrochimie des semi-conducteurs, puis à l’élaboration de couches minces pour les applications PV. Il contribue avec EDF à la création de l’Institut de recherche et de développement sur l’énergie PV (IRDEP 2005-2018). En 2013, il participe au lancement de l’Institut PV d’Île-de-France (IPVF) dont il sera directeur scientifique jusqu’en juillet 2019. Professeur invité au Collège de France dans la chaire innovation technologique Liliane Bettencourt 2021-2022 sur le thème « Énergie solaire PV et transition énergétique », il est élu en 2024 à l’Académie des technologies. 3. 4. Site web : https://energie-partagee.org/. Délibération de la CRE N° 2023-217 du 31 août 2023.

Jean Jouzel est un paléoclimatologue français, directeur de recherche émérite au CEA. En 1987, avec Claude Lorius, il publie la première étude établissant formellement le lien entre concentration de CO2 dans l’atmosphère et réchauffement climatique. En 1994,  il est nommé membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), et assure de 2002 à 2015 la vice-présidence du groupe de travail sur les bases physiques du changement climatique. Mondialement reconnu pour ses travaux sur l’évolution du climat et lauréat de nombreuses distinctions scientifiques, parmi lesquelles la médaille d’or du CNRS et le prix Vetlesen, il est membre des Académies des sciences de France, d’Italie, d’Europe, des États-Unis et d’Australie.

lundi 11 mars 2024

La contribution des batteries de VE au stockage et à l'équilibre du réseau électrique.

Avec 10 ans de retard sur le Japon, les USA, le Royaume Uni ... la technologie V2X arrive enfin en France. L'occasion d'ajouter une brique de plus à la démarche CoopéractiVE d'accompagner les territoires vers l'autonomie énergétique en intégrant le potentiel de stockage des batteries de VE dans les boucles d'autoconsommation collective et de contribuer ainsi à l'équilibre du réseau électrique.


Le V2G (Vehicule to Grid), c'est quoi ? Alain Thoral, responsable Solutions Energie chez Mobilize, vous présente cette technologie qui sera développée avec la commercialisation de la Renault 5 en 2024.  ( L'Argus )
En neuf questions et réponses simples, devenez incollable sur le sujet.
📕Au sommaire de cette vidéo : 
00:00 Introduction 00:31 Qu’est ce que le Vehicle-to-Grid (V2G) ? 00:48 Comment fonctionne le V2G ? 01:14 Quelles actions doit réaliser l’utilisateur ? 01:57 Quel est le risque pour la batterie ? 02:27 Ma voiture peut-elle se retrouver complètement déchargée ? 02:55 Combien coûte la borne Mobilize qui autorise le V2G ? 03:30 Quelles sont les économies promises ? 03:49 L’électricité de ma voiture renvoyée dans le réseau sert-elle à alimenter ma maison ? 04:17 Quand le service sera-t-il opérationnel ?

lundi 4 mars 2024

Livre blanc sur l'autoconsommation collective et les communautés d'énergie.

publié par l’association Think Smartgrids en collaboration avec la FNCCR

Le document est un livre blanc sur l’autoconsommation collective (ACC) et les nouvelles perspectives offertes par les communautés d’énergie en France, publié par l’association Think Smartgrids en collaboration avec la FNCCR.
L’ACC permet de partager une production d’électricité locale entre plusieurs producteurs et consommateurs situés dans un même bâtiment ou à proximité géographique, en se regroupant au sein d’une entité juridique appelée Personne Morale Organisatrice (PMO).
L’ACC présente de nombreux avantages pour les acteurs du territoire, tels que renforcer leur indépendance énergétique, accélérer le développement des énergies renouvelables, maîtriser le coût de l’électricité, sensibiliser les citoyens à la transition énergétique et offrir des services de flexibilité au réseau électrique.
Le livre blanc fait un état des lieux de l’ACC en France, présente les nouveaux acteurs et offres de services, analyse les technologies clés et les pistes pour favoriser le développement des projets, et discute des apports potentiels des directives européennes introduisant les communautés d’énergie citoyennes et renouvelables.
Le livre blanc formule également un ensemble de recommandations pour lever les freins existants et faciliter le déploiement de l’ACC, notamment sur la formation et l’accompagnement des acteurs, les évolutions réglementaires souhaitées, les innovations sociales, contractuelles et de marché, et les outils et dispositifs de soutien

Autoconsommation collective et communautés d'énergie, une dynamique de territoire (Energaïa 12/2023)


Avec la crise énergétique, l’autoconsommation photovoltaïque collective connaît une belle croissance pour permettre en partie de limiter la hausse du coût de l’énergie. Mais elle peut être davantage encouragée pour accélérer la transition énergétique et comme outil de lutte contre la précarité énergétique. Cette table ronde permet de faire le point sur les avancées de la réglementation, les innovations techniques et les dynamiques de territoire.

 Table ronde organisée en partenariat avec le pôle DERBI

 Animateur : Jean-Louis BUSQUET, rédacteur en chef de Plein Soleil 
  •  Éclairage sur la réglementation de l’autoconsommation collective
  • Concrètement, comment se monte une opération d’autoconsommation collective ?
  • L’optimisation de l’autoconsommation collective grâce aux outils numérique
  • L’autoconsommation collective dans les territoires ruraux
  • Retours d’expériences du Parc Naturel Régional Corbières Fenouillèdes, une collectivité facilitatrice de l’autoconsommation collective et de la société Enogrid
Intervenants :
Frédéric LECLERC, Avocat associé du cabinet, IN'NOVA
Clémence SOUID-PONCELIN, Animatrice de réseau - Énergies citoyennes, ECLR OCCITANIE
Benoit FROIDUROT, Chef du service Smartgrids, Stockage et Efficacité énergétique du bâtiment, CEA LITEN
David AUGEIX, Président, INCIDENCES
Jordan MAZARDO, Directeur adjoint, PARC NATUREL RÉGIONAL CORBIÈRES FENOUILLÈDES
Rémi BASTIEN, Président & Co-fondateur, ENOGRID

L’autoconsommation collective pour les entreprises : il est temps de passer à la pratique

 Tribune de François FERRARI, Cabinet d’Avocats ACTAH, ACTAH Lawyers Office reproduite par le blog de TECSOL: 

L’autoconsommation pour les particuliers se développe car elle représente une alternative intéressante à long terme. Pour les entreprises, les exemples sont beaucoup moins nombreux malgré deux facteurs fortement incitatifs : l’augmentation très sensible du prix de l’électricité et la baisse importante du prix des panneaux photovoltaïques depuis 18 mois.

Chaque projet d’autoconsommation d’entreprise est unique

Ce mode de production d’énergie présente l’avantage de ne pas être astreint aux contraintes spécifiques liées à l’obligation d’achat. Toutefois, une opération d’autoconsommation envisagée par une entreprise doit répondre à un certain nombre de critères pour être rentable et donc aisément finançable. Le premier point à envisager est naturellement la structure de la consommation électrique de l’entreprise. Le montant du global de la consommation est une indication mais elle est insuffisante. La production photovoltaïque présente une courbe significative, bien connue de tous. Il faut déterminer, notamment pour calculer la puissance à installer, comment l’électricité est consommée. À ce niveau, chaque entreprise est unique. Il n’existe pas de formule standard. Les dossiers sur lesquels nous avons travaillé ont permis, en collaboration avec des bureaux d’études techniques, d’envisager des solutions calculées au plus près des besoins de chaque site. Par exemple, un centre logistique équipé de chambres froides s’est vu appliquer des solutions très différentes de celles envisagées pour un centre commercial.

Les outils juridiques existent pour une optimisation en interne


L’expérience des divers dossiers permet d’affirmer que des solutions techniques et juridiques sont systématiquement trouvées. Il est possible de prendre pour exemple la construction du siège social d’une entreprise concevant, faisant fabriquer et distribuant des accessoires informatiques. Le siège comporte deux zones distinctes : des bureaux abritant les ingénieurs, les commerciaux, les services comptables,… Et une zone de réception des marchandises, de conditionnement et d’emballage. Les surfaces de toiture du site permettent d’installer près de 200 kWc de panneaux solaires. Cette puissance excède largement les besoins de l’entreprise. A court terme, aucun stockage sur batterie n’est prévu. La réflexion menée avec l’installateur de la centrale a été la suivante, à court et moyen terme. La zone de bureau nécessite une climatisation tout au long de l’année. En revanche, la zone de réception stockage et conditionnement des marchandises sera chauffée ou rafraichie uniquement en cas de température extérieure extrême.

Le besoin en énergie augmentant avec la présence des salariés dans l’entreprise, il est évident que la centrale photovoltaïque ne peut fournir en hiver l’énergie nécessaire en début de matinée ou en fin d’après-midi. C’est la raison pour laquelle est prévu un accord d’entreprise : les salariés disposant de véhicules électriques et souhaitant mettre leurs capacités de stockage à disposition de l’entreprise bénéficieront d’un complément de recharge lorsque la production photovoltaïque sera à son maximum. En pratique, un salarié arrivant sur site avec un véhicule chargé à 70 %, accepte que durant les premières heures de la journée de l’énergie soit prélevée sur son véhicule qui bénéficiera, quelques heures plus tard, d’une recharge et quittera l’entreprise avec 90 % de charge. Ainsi, la capacité de stockage du véhicule est utilisée pendant les heures sans soleil, mais le salarié est bénéficiaire dans cette opération puisqu’il dispose d’une recharge partielle gratuite. Juridiquement, tous les outils existent pour mettre en œuvre cette solution. Les véhicules autorisant la décharge de leur batterie vers une borne restent, pour l’instant, extrêmement rares. Il serait toutefois dommage de ne pas prévoir, dès la conception de la centrale, les équipements nécessaires.

Les outils juridiques existent pour utiliser au mieux toute l’énergie produite


La puissance installée étant sensiblement supérieure aux besoins, il a été fait appel aux autres entreprises situées dans la même zone d’activité. La réponse a été immédiatement positive et, une nouvelle fois, l’opération est profitable à tous. Une entreprise située sur une parcelle jouxtant celle de la centrale a ainsi conclu, dans le cadre d’une opération d’autoconsommation collective, un contrat lui permettant d’acheter son électricité à un prix qui ne variera pas dans les années à venir. En outre, cette énergie est beaucoup moins chère que la meilleure offre réseau. L’avantage pour l’entreprise disposant de la centrale est évident : les surplus d’énergie sont valorisés à un prix supérieur à celui de l’obligation d’achat. Les deux parcelles étant voisines, le TURPE ne vient pas grever l’équilibre économique de l’opération. Une troisième entreprise, elle aussi située dans le périmètre réglementaire de l’autoconsommation collective, achèvera de consommer les kWh restants.

Ceux produits le week-end pourraient être distribués localement. Les conventions établies pour l’autoconsommation prévoient dès le départ que le site producteur pourra, à terme, être équipé d’un dispositif de stockage, lui permettant d’autoconsommer davantage ce qui, mécaniquement, fera baisser la quantité d’énergie, mise à disposition des partenaires. Toutefois, ce projet a l’intérêt de démontrer aux autres entreprises situées sur le site les avantages d’une opération d’autoconsommation maîtrisée afin qu’elles deviennent productrices. Un accompagnement juridique, fiscal et financier est nécessaire car les établissements bancaires finançant ces opérations découvrent ce nouveau mode d’exploitation d’une centrale photovoltaïque. Cependant, dès à présent, tous les outils juridiques existent et sont fiables.

mercredi 24 janvier 2024

Agir ensemble, sur tous les fronts, pour déployer sans délai les énergies renouvelables pour toutes et tous, et dans tous les pays.

 


Les participants à la conférence qui s’est tenue au Collège de France, en décembre dernier à l’occasion du « 50ème anniversaire du congrès de l’UNESCO en 1973 - Le soleil au service de l’Homme » lancent un « Appel à agir ensemble » qu’ils vous invitent à signer et à faire signer. Voici le texte de l’appel : 

« La terre baigne dans un océan d’énergie qui nous vient du soleil : la lumière. Elle permet la vie sur terre, façonne la nature et les paysages. Elle est au cœur de l’existence même de l’humanité, lui fournissant nourriture, énergie, santé, bonheur. Elle est aussi à l’origine de la formation du pétrole, du charbon et du gaz, nous offrant ces cornes d’abondance dont l’utilisation sans limite nous a conduit aujourd’hui au bord du gouffre climatique du fait de l’accumulation, sans cesse croissante dans l’atmosphère, du gaz carbonique dégagé par leur combustion. 

L’humanité doit ainsi faire face au dérèglement climatique fulgurant qui en résulte et à son cortège de catastrophes, déjà en cours, et qui n’ira qu’en s’aggravant si nous ne réagissons pas de manière urgente et collective. La solution n’est pas de creuser toujours plus, mais de lever les yeux à nouveau vers le soleil, et de nous tourner vers les énergies renouvelables qui en sont issues, qu’elles soient directes comme la conversion photovoltaïque ou thermique, ou indirectes comme l’éolien, l’hydraulique, la biomasse auxquelles il faut ajouter la géothermie. Associées à l’indispensable maîtrise de l’énergie, elles sont l’une des principales solutions pour limiter les impacts de l’humanité sur le climat et la biodiversité. 

D’immenses progrès ont été réalisés ces dernières décennies, qui font qu’aujourd’hui l’humanité dispose de moyens accrus pour capter et transformer plus efficacement l’énergie du soleil. Inabordables en matière de coût il y a encore peu, les énergies renouvelables sont désormais compétitives par rapport aux énergies traditionnelles. De plus, la ressource solaire est illimitée à notre échelle, distribuée dans tous les pays du monde, et apte à satisfaire l’ensemble des besoins de l’humanité. 

Pourtant leur progression demeure trop lente. Des pays entiers, baignés de soleil, s’alimentent encore en énergies fossiles, d’autres n’ont même pas encore complètement accès à l’électricité. Quant aux pays industrialisés, ils sont toujours largement dépendants des énergies fossiles alors que, pour eux aussi, les énergies renouvelables sont abondamment disponibles.

Comment agir, comment aller plus vite ? Est-ce que la disponibilité des techniques, le développement industriel, la volonté politique, la finance ou la recherche, seront à la hauteur pour porter l’accélération indispensable ? Nous pensons qu’un élément essentiel à sa réussite reste à amplifier : il s’agit de l’engagement au cœur de la société des citoyens eux-mêmes. Ce sont eux qui bâtiront les fondations les plus solides pour réussir la transition énergétique et écologique. Sans leur adhésion, leur implication, leur détermination, la transformation sera beaucoup trop lente et n’aboutira pas. Qu’y a-t-il de plus mobilisateur que de pouvoir produire de l’énergie localement, sur le toit d’une maison, d’une école, avec une ferme solaire ou éolienne, ou à partir d’une biomasse gérée durablement ? 

Un vaste mouvement d’adhésion à cette perspective, associé au souci d’une utilisation efficace, écologique et responsable de l’énergie, permettra également de conduire à l’évolution indispensable des comportements vers plus de sobriété et de partage. Le développement actuel des associations citoyennes et des initiatives portées par les collectivités locales préfigure le mouvement d’ampleur qui doit se développer et bouleverser les habitudes établies pour créer cette dynamique dont l’humanité a besoin. 

Nous appelons à une mobilisation collective sans précédent des citoyens au niveau mondial, à des coopérations renforcées à tous les niveaux de la société, avec l’ensemble des forces économiques, sociales et politiques, l’éducation et la recherche.

Nous demandons aux gouvernements de prendre la mesure de cet engagement citoyen et de mettre en place le cadre politique et économique qui permettra d’en amplifier les résultats.

Nous devons agir ensemble, sur tous les fronts, pour déployer sans délai les énergies renouvelables pour toutes et tous, et dans tous les pays. 

Collège de France, 12 décembre 2023 » 

Pour signer cet « Appel à agir ensemble »

jeudi 4 janvier 2024

Interview d'André JOFFRE fondateur du bureau d’études TECSOL ( Plein Soleil )

Fin décembre 2023, André Joffre a fêté ses soixante-dix ans dont près d’un demi-siècle à défendre avec passion et acharnement la cause de l’énergie solaire. 

L’occasion de faire le point avec le fondateur du bureau d’études TECSOL sur le marché actuel, lui à qui l’on doit la nouvelle formule consacrée de l’avènement actuel des « Trente Glorieuses » du solaire ! Décryptage.


Plein Soleil : Alors André Joffre, l’énergie solaire est définitivement sur les rails. Nous venons d’entrer dans les « Trente Glorieuses » du solaire. Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

André Joffre : Le solaire est l’énergie d’aujourd’hui et de l’avenir. En quelques années à peine, cette énergie propre et durable est devenue la plus compétitive de la planète et elle va le devenir encore davantage. Le phénomène de baisse des prix n’est pas près de se tarir. D’aucuns évoquent une asymptote. Que nenni ! A fin décembre et sur un an, les prix de gros des modules photovoltaïques ont été divisés par deux. Et il n’est pas question de dumping. Nous assistons à une arrivée massive de très grandes capacités de production dans une industrie de transformation dont la matière première, le silicium, deuxième matériau le plus présent sur terre après l’oxygène, est très bon marché. Le coût dépend donc du volume de transformation. Plus on fabrique, plus les coûts diminuent.

Et les volumes deviennent considérables sur le secteur. Qui plus est, avec le ralentissement de l’activité dû au Covid, les stocks de modules sont très importants avec plus de 70 GW entreposés dans les hangars européens. Sans oublier la deuxième jambe de la croissance industrielle continue qui est l’innovation, avec les records de rendement photovoltaïques qui tombent de mois en mois et améliorent encore la rentabilité.

Il n’y a aucune raison pour que cela s’arrête. Croyez moi, l’heure sera bientôt venue où un toit photovoltaïque sera moins cher qu’un toit en tuiles. 

« Il y a urgence à déployer du solaire »

Plein Soleil : Le problème est que toutes ces giga-unités de production se déploient en Asie et pas en Europe. Quid de la souveraineté énergétique du pays ?

André Joffre : Il est certain qu’aujourd’hui les ordres de grandeur des usines chinoises, déjà existantes, à plusieurs dizaines de gigawatts et ceux des projets d’usines européennes autour des 5 gigawatts par an n’ont absolument rien de comparable. Il n’est pas question d’attendre les panneaux européens pour développer le marché car la demande est là. Il y a urgence à déployer du solaire.

Aujourd’hui, les modules pèsent moins de 25 % du prix d’une installation, tout le reste est à mettre au crédit des entreprises françaises ou européennes du BTP, des systèmes de fixation ou même de l’électronique de puissance avec Schneider, SMA ou Fronius... Une centrale construite en France produit de l’électricité française. Dans la logique de la plaque européenne, l’électricité solaire produite à Perpignan, c’est du gaz, et donc du CO2, économisé en Allemagne.

Plein Soleil: Quelles conditions seraient alors nécessaires à une véritable éclosion d’une industrie solaire européenne ?

André Joffre : Il faut impérativement créer les conditions d’un marché. Le coût de l’investissement n’est pas un sujet. Les technologies et les usines sont identiques, nous avons même des fournisseurs de matériels en Europe. Ce qui garantit la viabilité d’un industriel c’est avant tout la confiance dans ses propres marchés. Regardez ce qu’il se passe avec l’IRA (Inflation Reduction Act) aux Etats-Unis. Les industriels européens et Chinois s’y installent. Meyer Burger a même différé son implantation prévue en Europe pour s’installer aux US. Le gouvernement subventionne certes l’activité mais il s’est surtout engagé sur un plan public extrêmement volontariste jusqu’en 2032.

En France, nous avons eu trop d’atermoiements, nous sommes plombés par le dogme du mix déjà fortement décarboné par le nucléaire. La France est le seul pays européen à ne pas avoir atteint ses objectifs en termes de renouvelable. Il y a mieux pour stimuler les industriels.

Alors oui, on peut évoquer des barrières douanières autour du contenu CO² ou du travail forcé des Ouïghours. Mais le fond du problème n’est pas là. Avant toute chose créons aux industriels un vrai marché, avec une montée en puissance rapide, avec une vraie loi d’accélération dynamique, et pas seulement 2 ou 3 GW par an.

Pour sa prochaine PPE, la feuille de route de la France doit s’emparer des objectifs ambitieux de la directive européenne à 45 % d’EnR dans le mix en 2030. Il n’y a pas d’alternative.

« Les collectivités et les territoires aspirent à se réapproprier l’énergie »

Plein Soleil : Dans ce contexte, la percée de l’autoconsommation en France ne pousse-t-elle pas à l’optimisme ?

André Joffre : C’est certain. Elle montre déjà l’appétence du public, les particuliers ou les professionnels, pour l’énergie solaire avec une progression de 77% au premier semestre 2023 par rapport à la même période 2022. Les gens ont été échaudés par les hausses des prix de l’électricité. Ils se sont aperçus qu’une électricité chère, cela pouvait arriver.

L’activité a été multipliée par 4 dans les entreprises, elle a même été plus marquée que dans le résidentiel. Après vous savez, le sujet de l’autoconsommation va au-delà du simple fait de produire des électrons. Il est question de partage, d’échange et de gestion de l’énergie sur fond d’énergie numérique. A ce titre, l’autoconsommation collective attire fortement les collectivités et les territoires qui aspirent à se réapproprier l’énergie. Là encore, le carcan administratif, véritable millefeuilles fait de procédures, de permis en tous genres et de normes techniques à n’en plus finir n’a pas lieu d’être. Regardons les dispositifs européens qui nous conduiraient à diviser par deux le temps de réalisation des projets.

Plein Soleil : Un dernier mot sur le manque de personnels qualifiés et sur la formation ?

André Joffre: Premier point positif, nos métiers attirent les jeunes collaborateurs en quête de sens. Ils sont heureux de contribuer à lutter contre le réchauffement climatique.

Après il faut multiplier les écoles d’ingénieurs, les formations de techniciens, d’installateurs et d’électriciens.  Il faut dynamiser l’activité des plateformes pédagogiques, doper leur capacité. Nous manquons cruellement de formateurs qualifiés. Là aussi, il est urgent d’y remédier.

Avec le pôle DERBI, nous menons en ce sens des actions collectives avec la Région Occitanie. Si l’offre n’est pas au rendez-vous, nous ouvrons la porte aux éco-délinquants.

Les pouvoirs publics doivent être en alerte sur ces sujets, ils doivent faire le ménage. Il y a un vrai danger. Nous avons besoin plus que tout, d’une offre bien structurée portée par des gens de qualité bien formés.