- En premier lieu s’extraire le plus possible de la dépendance aux énergies fossiles en augmentant le taux de production d’énergie renouvelable (essentiellement photovoltaïque pour ce qui concerne GACG)
- Alléger la facture énergétique des collectivités, entreprises et citoyens en se protégeant de la spéculation sur le coût de l’énergie.
- Accompagner la transition vers des transports décarbonés et la sobriété énergétique; pour un même trajet le véhicule électrique consomme 4 fois moins d’énergie et rend encore plus vertueux le covoiturage ou l’autopartage.
- Production et consommation en circuit court, outre la sensibilisation au potentiel des ENR, favorisent des comportements énergétiques plus vertueux et l’apprentissage de pratiques mutualistes et coopératives.
- Ces démarches collectives auront également un intérêt économique en permettant le recours à des groupement d’achat pour faciliter les investissements en faveur de la transition énergétique.
- L’abandon progressif des énergies polluantes conjugué avec le pas, ou peu, de prédation de ressources naturelles seront bénéfiques au plan environnemental comme le futur recyclage des composants utilisés par les technologies photovoltaïques et électromobiles.
- Bénéfique également pour les territoires la valorisation photovoltaïque des toitures et zones artificialisées.
lundi 30 septembre 2024
Présentation projet CER & ACC
samedi 28 septembre 2024
Daniel Bour et Emmanuelle Wargon en ouverture de la 7ème Université de l’Autoconsommation d’Enerplan.
mercredi 18 septembre 2024
jeudi 1 août 2024
Extraits de la table ronde lors de la dernière AG du pôle DERBI
J'ai entendu l'autre jour le ministre à Manosque dire « Vous savez le solaire c'est des trucs, ça se passe dans le mois ! Faire une installation solaire c'est une question de semaines, de mois alors que le nucléaire c'est une question d'années voire de décennies ! » Avant c'étaient les opposants au nucléaire qui disaient ça ; il faut bien reconnaître quand même que c'est quand même pas mal et quand il annonce effectivement 6 GW d'installation par an, ça parle quoi, je veux dire que ça serait difficile de revenir en arrière. Qu'on soit passé d’un objectif de 100 GW non pas en 2050 mais en 2035 c'est quand même un progrès et je pense qu'on fera mieux que ça. Messieurs des réseaux il faut vous y préparer on va faire mieux ! Pourquoi ?
Le solaire va être une banalité et même une commodité.
On va construire des toits et quand on construira un toit il sera forcément solaire parce que ça coûtera moins cher qu’un toit en tuile. Ce qui va se passer après c'est très simple, ce n'est que de l'usage, et il y aura peut-être des panneaux solaires qui seront installés et qui seront pas raccordés parce que tout simplement on va avoir une profusion, une abondance de kWh, d'électrons et toute la difficulté va être d’en d'optimiser l'usage qu'on va en faire.
C'est ça le vrai sujet. C'est le vrai boulot qu'on a à faire nous à Derbi c'est d'inventer un peu de ce monde qui va venir. Et par exemple on a l'opportunité d'avoir, en 2030, 2 millions de véhicules ça fait 100 GWh de batterie qui seront disponibles et vous avez vu que la nouvelle Renault 5 qui sort est une voiture à charge bidirectionnelle. Elle va permettre de faire plein de choses et il ne faut pas laisser à Tesla le soin de le faire alors que nous avons en France toutes les capacités pour inventer ce type de choses. Donc voilà il faut il faut y aller quoi ! c'est le moment !
vendredi 5 juillet 2024
Solaire photovoltaïque : l’énergie de flux qui change la donne ( Christian de Perthuis )
Source : The Economist, édition du 22 juin 2024 |
Une troublante série d’erreurs de prévisions
En 2009, les experts de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipaient que les capacités solaires installées dans le monde allaient atteindre 244 GW en 2030 (contre 23 GW en 2009). Les 244 GW furent atteints dès 2016. Les projections de Greenpeace – 921 GW en 2030 – étaient alors considérées par la majorité des experts comme un fantasme irréaliste de militants écolos. Elles ont pourtant été dépassées dès 2023 où ces capacités ont atteint 1400 GW !
En matière de projection d’énergie solaire, cela fait 25 ans que les experts se trompent lourdement. Ils sous-estiment le rythme du déploiement de cette énergie, révisent ensuite leurs chiffres à la hausse, pour être à nouveau dépassés quelques années plus tard comme l’illustre le graphique ci-dessous.
Source : The Economist, 20 juin 2024 |
Changement d’échelle de production et effondrement des coûts.
Panneau photovoltaïque installé en 1884 par Charles Fritts à Manhattan |
Durant les deux dernières décennies, c’est le changement d’échelle dû à l’industrialisation des procédés qui a changé la donne. Cette industrialisation concerne la production de polysilicium (produit à partir du quartz, une matière disponible en abondance à la surface du globe) fournissant l’ingrédient de base des modules solaires, comme la fabrication des panneaux eux-mêmes. Et tout laisse penser que ces baisses de coût ne sont pas près de s’infléchir.
La Chine et les autres
Concernant le polysilicium utilisé par l’industrie solaire, les fonderies chinoises fournissent 93% du marché mondial. Les craintes de pénurie apparues pendant l’épidémie du COVID ont provoqué une remontée temporaire des cours (voir graphique) et une vague majeure d’investissement. Les deux sociétés leader, GCL-Poly et Tongwei, disposaient de capacités suffisantes pour couvrir l’intégralité de la demande mondiale en 2023. A la suite de leurs investissements massifs (3,9 milliards de dollars pour Tongwei pour une seule fonderie), on estime que la Chine sera bientôt capable de fournir de quoi installer chaque année une puissance de 3500 GW de solaire (environ 5 fois la capacité qui sera installée dans le monde en 2024).
Source : The Economist |
La fabrication des batteries permettant de stocker l’électricité, a connu durant les deux dernières décennies un révolution identique des coûts de production qui ont diminué à un rythme similaire à celui des panneaux photovoltaïques. Pour les mêmes raisons : l’élargissement de l’échelle de production obtenu grâce à l’industrialisation des procédés. Ici encore, la dynamique de départ a été largement portée par la Chine, mais les industries américaine et européenne y défendent mieux leur position que sur le photovoltaïque.
La disponibilité de moyens de stockage constitue, avec la gestion intelligente de la demande sur les réseaux électriques, une réponse à l’intermittence qui limiterait sinon l’intérêt de la source solaire.
Le potentiel de croissance du solaire est devant nous
C’est connu, toute croissance exponentielle est amenée un jour à s’infléchir. Ce sera le cas de l’industrie solaire à terme. Mais cette inflexion ne devrait se produire que lorsque le photovoltaïque aura pris la place de première source d’énergie utilisée dans le monde, sans doute durant la décennie 2040. D’ici là, trois puissants facteurs devraient contribuer à son déploiement rapide et peut-être encore sous-estimé :
- La poursuite de la baisse des coûts pour les raisons précédemment évoquées ;
- l’élargissement de la pénétration du solaire dans les immenses zones du Sud à fort ensoleillement où il est encore peu ou pas présent (voir carte ci-dessus) ;
- La facilité d’installation de cette nouvelle source d’énergie et surtout sa modularité qui permet au photovoltaïque aussi bien des utilisations décentralisées individuelles ou collectives que des productions massives dans des fermes géantes pouvant être connectées à des réseaux de transport de longue distance.
Cette projection du rôle de l’énergie solaire dans le futur, pose la question de la place des autres moyens de production d’énergie décarbonée dans le mix énergétique de demain, et en particulier celle du nucléaire qui ne connaît pas de baisses similaires de coûts. Une question qu’il faudra bien un jour discuter de façon non polémique en France, en intégrant toutes les informations sur la révolution que nous promet le basculement du système énergétique vers les énergies de flux.
*****
Note pour le lecteur : tous les chiffres utilisés dans cet article sont tirés du dossier de The Economist.
Lire le dossier de The Economist (accès réservé) : ICI
Lire l’article de The Economist sur l’industrie chinoise (accès réservé) : ICI
NDLR : Cet article est a été publié sur le blog de Christian de Perthuis professeur associé d’économie à l’université Paris-Dauphine , où il a fondé en 2009 la Chaire économie du climat (CEC).
lundi 1 juillet 2024
vendredi 3 mai 2024
jeudi 11 avril 2024
GROUPEE 4.0 *: Une expérimentation innovante intégrant le recours au VE au V2H dans l'autoconsommation collective.
jeudi 4 avril 2024
Autoconsommation photovoltaïque : "Il est temps de sonner la mobilisation générale"
mercredi 13 mars 2024
Le soleil au service de l’humanité, un engagement citoyen et collectif (Tribune de Daniel Lincot et Jean Jouzel)
Le soleil au service de l’humanité, un engagement citoyen et collectif
(Tribune de Daniel Lincot et Jean Jouzel)
Le 12 décembre 2023, le Collège de France a accueilli la conférence : « Énergie solaire, urgence climatique et engagement collectif », pour le cinquantième anniversaire du congrès organisé à l’UNESCO en 1973 « Le soleil au service de l’homme ».
Alors que la COP28 se concluait à Dubaï sur un bilan mitigé, avec néanmoins quelques avancées, les acteurs des énergies renouvelables (EnR) en France et au-delà se sont réunis pour témoigner de l’immense enjeu auquel ces énergies répondent face à l’urgence climatique, de l’essor scientifique, industriel et économique de ces technologies depuis 50 ans ainsi que des engagements des citoyens et de leurs élus pour que ces énergies soient au cœur du développement de notre société (1).
Il y a 50 ans, alors que les applications de l’énergie solaire se cantonnaient aux usages du spatial et quelques sites isolés, les pionniers des EnR étaient visionnaires en affirmant qu’elles pourraient contribuer de façon majeure à l’énergie utilisée par l’humanité. Si le chemin a été jalonné d’embûches et d’atermoiements, les résultats sont à la hauteur de leurs ambitions. Les investissements annuels dans les EnR électriques au niveau mondial dépassent désormais les investissements réalisés dans toute forme d’énergie, comme le souligne l’Agence Internationale de l’Énergie. En 2023, d’après cette agence, les ajouts de nouvelles capacités EnR électriques ont crû de 50 % par rapport à 2022 et totalisent 510 GW de capacités installées. Les trois quarts de cette augmentation proviennent du solaire photovoltaïque (2).
Fin 2023, plus de 400 000 foyers sont autoconsommateurs d’énergie solaire photovoltaïque en France, dont 200 000 pour la seule année 2023 et, selon RTE, ce chiffre devrait, d’ici 2030, atteindre 4 millions de foyers soit 13 % des ménages français. Les raccordements photovoltaïques ont augmenté de 30 % entre 2022 et 2023 selon Enedis. Ce chiffre témoigne de l’engouement des Français pour cette énergie et montre que les EnR sont aussi une affaire de citoyens. Ces derniers s’engagent concrètement dans leur approvisionnement énergétique pour ne plus rester simples consommateurs d’électricité centralisée.
Cette implication individuelle des citoyens dans l’énergie solaire se conjugue avec une forte croissance des projets solaires et éoliens portés par des collectifs de citoyens. Ces initiatives locales sont maintenant appuyées par une association nationale, « Énergie Partagée », qui leur apporte un soutien technique et financier. 338 projets citoyens ont été labellisés, totalisant près de 700 MW de puissance installée à ce jour et 100 millions d’euros d’investissement. 30 400 citoyens et 825 collectivités sont membres de sociétés locales qui portent ces projets, qui bénéficient en outre de l’investissement financier des 7 400 actionnaires d’Énergie Partagée Investissement (3).
Mais les citoyens ne sont pas les seuls à s’engager. Les collectivités locales sont également le fer de lance du déploiement des EnR dans leur territoire. En créant des sociétés de projets dédiées et en investissant dans ces projets, elles deviennent des acteurs essentiels de la transition énergétique. En réservant les zones de leur territoire propices à l’accélération des EnR dans lecadre de la loi de 2023, elles assurent la maîtrise d’ouvrage de leur avenir énergétique.
En s’engageant ainsi pour les EnR, ces acteurs de terrain ne s’y trompent pas. Les EnR sont désormais les énergies les plus compétitives pour la production d’électricité : moins coûteuses que les énergies fossiles qui doivent disparaître de notre mix énergétique, ou que le nucléaire. Ainsi, dans les derniers appels d’offres de la CRE, le prix de l’électricité issue des centrales solaires est de l’ordre de 80 €/MWh (4) , et il peut descendre à 20 €/ MWh dans certains pays du monde. D’ici à 2035, les EnR sont les seules capables d’augmenter nos capacités de production d’électricité décarbonée. L’urgence climatique, c’est maintenant !
Cette rationalité économique est bien comprise par les acteurs industriels, présents sur les marchés concurrentiels de l’énergie. La division en 10 ans du prix du solaire et de l’éolien par un facteur supérieur à 10 réduit considérablement les incertitudes sur la volatilité des prix de l’énergie. En France, les investissements dans les EnR se développent à un rythme accéléré en créant des emplois et se multiplieront pour peu que les pouvoirs publics intègrent ces dynamiques industrielles dans leurs exercices de planification énergétique. Cette dynamique se conjugue aujourd’hui avec celle du stockage par les batteries et l’hydrogène, répondant ainsi à la question de la gestion de la variabilité, à la fois à court terme et en intersaisonnier, à laquelle il faut aussi ajouter les progrès du réseau électrique, permettant un pilotage instantané des flux électriques sur l’ensemble du territoire. Ces trois pôles, EnR, stockage et pilotage intelligent, se complètent et créent une opportunité exceptionnelle et nouvelle pour la transition énergétique.
La conférence du Collège de France a également montré la dynamique scientifique et technologique. Les recherches et les développements conduits dans les laboratoires par les chercheurs et les entreprises donneront lieu à des innovations dans les toutes prochaines années. Les baisses de coûts et l’amélioration des rendements se traduiront par une compétitivité encore plus affirmée. La communauté scientifique et technologique française était visionnaire en 1973 : les énergies renouvelables sont, maintenant, un atout majeur dans la compétition internationale.
Cette conférence a aussi rappelé l’importance d’associer la progression des moyens techniques à une évolution de nos comportements individuels et de nos perceptions sociales, combinant l’essor des EnR avec l’efficacité énergétique, et au-delà à une gestion durable de la demande d’énergie, qui ne doit pas se traduire par un effet rebond.
Les EnR sont, enfin, un facteur d’atténuation des tensions géopolitiques et migratoires dans le monde. En autoproduisant l’énergie qu’elles consomment, les nations s’affranchissent de leurs dépendances aux combustibles vis-à-vis des pays exportateurs et de leurs prix internationaux. Le déploiement de l’accès aux énergies renouvelables dans les pays en développement, notamment pour les 600 millions d’habitants en Afrique subsaharienne qui en sont dépourvus, suscite des activités génératrices de revenus et d’emplois dont le déficit est le principal facteur d’exode rural et de migrations internationales. Ainsi, les EnR constituent l’un des supports du destin durable commun de l’Europe et de l’Afrique.
Il a fallu 50 ans pour démontrer que les ambitions des pionniers des énergies renouvelables étaient fondées. Nous n’avons plus un tel délai pour limiter le changement du climat avant qu’il ne soit trop tard. Les solutions sont là, disponibles, accessibles, compétitives et proches des citoyens. La principale question est celle de la mobilisation de tous. L’appel de la conférence du Collège de France est bien celui d’un engagement collectif pour que les énergies issues du soleil soient au service de l’humanité.
Notes
- Site web : https://www.soleilethumanite.com/. Texte de l’appel à agir ensemble et signature : https://www. soleilethumanite.com/appel-a-agir/.
- IEA, Renewables 2023, Executivesummary-WorldEnergyOutlook2023.pdf (windows.net)
- Site web : https://energie-partagee.org/.
- Délibération de la CRE N° 2023-217 du 31 août 2023.
Biographies
Daniel Lincot est directeur de recherche émérite au CNRS sur l’énergie solaire photovoltaïque (PV). Entré au CNRS à Chimie Paristech en 1980, il se consacre à la photoélectrochimie des semi-conducteurs, puis à l’élaboration de couches minces pour les applications PV. Il contribue avec EDF à la création de l’Institut de recherche et de développement sur l’énergie PV (IRDEP 2005-2018). En 2013, il participe au lancement de l’Institut PV d’Île-de-France (IPVF) dont il sera directeur scientifique jusqu’en juillet 2019. Professeur invité au Collège de France dans la chaire innovation technologique Liliane Bettencourt 2021-2022 sur le thème « Énergie solaire PV et transition énergétique », il est élu en 2024 à l’Académie des technologies. 3. 4. Site web : https://energie-partagee.org/. Délibération de la CRE N° 2023-217 du 31 août 2023.
Jean Jouzel est un paléoclimatologue français, directeur de recherche émérite au CEA. En 1987, avec Claude Lorius, il publie la première étude établissant formellement le lien entre concentration de CO2 dans l’atmosphère et réchauffement climatique. En 1994, il est nommé membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), et assure de 2002 à 2015 la vice-présidence du groupe de travail sur les bases physiques du changement climatique. Mondialement reconnu pour ses travaux sur l’évolution du climat et lauréat de nombreuses distinctions scientifiques, parmi lesquelles la médaille d’or du CNRS et le prix Vetlesen, il est membre des Académies des sciences de France, d’Italie, d’Europe, des États-Unis et d’Australie.
lundi 11 mars 2024
La contribution des batteries de VE au stockage et à l'équilibre du réseau électrique.
lundi 4 mars 2024
Livre blanc sur l'autoconsommation collective et les communautés d'énergie.
Autoconsommation collective et communautés d'énergie, une dynamique de territoire (Energaïa 12/2023)
- Éclairage sur la réglementation de l’autoconsommation collective
- Concrètement, comment se monte une opération d’autoconsommation collective ?
- L’optimisation de l’autoconsommation collective grâce aux outils numérique
- L’autoconsommation collective dans les territoires ruraux
- Retours d’expériences du Parc Naturel Régional Corbières Fenouillèdes, une collectivité facilitatrice de l’autoconsommation collective et de la société Enogrid
L’autoconsommation collective pour les entreprises : il est temps de passer à la pratique
Tribune de François FERRARI, Cabinet d’Avocats ACTAH, ACTAH Lawyers Office reproduite par le blog de TECSOL:
Chaque projet d’autoconsommation d’entreprise est unique
Les outils juridiques existent pour une optimisation en interne
Les outils juridiques existent pour utiliser au mieux toute l’énergie produite
mercredi 24 janvier 2024
Agir ensemble, sur tous les fronts, pour déployer sans délai les énergies renouvelables pour toutes et tous, et dans tous les pays.
« La terre baigne dans un océan d’énergie qui nous vient du soleil : la lumière. Elle permet la vie sur terre, façonne la nature et les paysages. Elle est au cœur de l’existence même de l’humanité, lui fournissant nourriture, énergie, santé, bonheur. Elle est aussi à l’origine de la formation du pétrole, du charbon et du gaz, nous offrant ces cornes d’abondance dont l’utilisation sans limite nous a conduit aujourd’hui au bord du gouffre climatique du fait de l’accumulation, sans cesse croissante dans l’atmosphère, du gaz carbonique dégagé par leur combustion.
L’humanité doit ainsi faire face au dérèglement climatique fulgurant qui en résulte et à son cortège de catastrophes, déjà en cours, et qui n’ira qu’en s’aggravant si nous ne réagissons pas de manière urgente et collective. La solution n’est pas de creuser toujours plus, mais de lever les yeux à nouveau vers le soleil, et de nous tourner vers les énergies renouvelables qui en sont issues, qu’elles soient directes comme la conversion photovoltaïque ou thermique, ou indirectes comme l’éolien, l’hydraulique, la biomasse auxquelles il faut ajouter la géothermie. Associées à l’indispensable maîtrise de l’énergie, elles sont l’une des principales solutions pour limiter les impacts de l’humanité sur le climat et la biodiversité.
D’immenses progrès ont été réalisés ces dernières décennies, qui font qu’aujourd’hui l’humanité dispose de moyens accrus pour capter et transformer plus efficacement l’énergie du soleil. Inabordables en matière de coût il y a encore peu, les énergies renouvelables sont désormais compétitives par rapport aux énergies traditionnelles. De plus, la ressource solaire est illimitée à notre échelle, distribuée dans tous les pays du monde, et apte à satisfaire l’ensemble des besoins de l’humanité.
Pourtant leur progression demeure trop lente. Des pays entiers, baignés de soleil, s’alimentent encore en énergies fossiles, d’autres n’ont même pas encore complètement accès à l’électricité. Quant aux pays industrialisés, ils sont toujours largement dépendants des énergies fossiles alors que, pour eux aussi, les énergies renouvelables sont abondamment disponibles.
Comment agir, comment aller plus vite ? Est-ce que la disponibilité des techniques, le développement industriel, la volonté politique, la finance ou la recherche, seront à la hauteur pour porter l’accélération indispensable ? Nous pensons qu’un élément essentiel à sa réussite reste à amplifier : il s’agit de l’engagement au cœur de la société des citoyens eux-mêmes. Ce sont eux qui bâtiront les fondations les plus solides pour réussir la transition énergétique et écologique. Sans leur adhésion, leur implication, leur détermination, la transformation sera beaucoup trop lente et n’aboutira pas. Qu’y a-t-il de plus mobilisateur que de pouvoir produire de l’énergie localement, sur le toit d’une maison, d’une école, avec une ferme solaire ou éolienne, ou à partir d’une biomasse gérée durablement ?
Un vaste mouvement d’adhésion à cette perspective, associé au souci d’une utilisation efficace, écologique et responsable de l’énergie, permettra également de conduire à l’évolution indispensable des comportements vers plus de sobriété et de partage. Le développement actuel des associations citoyennes et des initiatives portées par les collectivités locales préfigure le mouvement d’ampleur qui doit se développer et bouleverser les habitudes établies pour créer cette dynamique dont l’humanité a besoin.
Nous appelons à une mobilisation collective sans précédent des citoyens au niveau mondial, à des coopérations renforcées à tous les niveaux de la société, avec l’ensemble des forces économiques, sociales et politiques, l’éducation et la recherche.
Nous demandons aux gouvernements de prendre la mesure de cet engagement citoyen et de mettre en place le cadre politique et économique qui permettra d’en amplifier les résultats.
Nous devons agir ensemble, sur tous les fronts, pour déployer sans délai les énergies renouvelables pour toutes et tous, et dans tous les pays.
Collège de France, 12 décembre 2023 »
Pour signer cet « Appel à agir ensemble »
jeudi 4 janvier 2024
Interview d'André JOFFRE fondateur du bureau d’études TECSOL ( Plein Soleil )
L’occasion de faire le point avec le fondateur du bureau d’études TECSOL sur le marché actuel, lui à qui l’on doit la nouvelle formule consacrée de l’avènement actuel des « Trente Glorieuses » du solaire ! Décryptage.
Plein Soleil : Alors André Joffre, l’énergie solaire est définitivement sur les rails. Nous venons d’entrer dans les « Trente Glorieuses » du solaire. Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
André Joffre : Le solaire est l’énergie d’aujourd’hui et de l’avenir. En quelques années à peine, cette énergie propre et durable est devenue la plus compétitive de la planète et elle va le devenir encore davantage. Le phénomène de baisse des prix n’est pas près de se tarir. D’aucuns évoquent une asymptote. Que nenni ! A fin décembre et sur un an, les prix de gros des modules photovoltaïques ont été divisés par deux. Et il n’est pas question de dumping. Nous assistons à une arrivée massive de très grandes capacités de production dans une industrie de transformation dont la matière première, le silicium, deuxième matériau le plus présent sur terre après l’oxygène, est très bon marché. Le coût dépend donc du volume de transformation. Plus on fabrique, plus les coûts diminuent.
Et les volumes deviennent considérables sur le secteur. Qui plus est, avec le ralentissement de l’activité dû au Covid, les stocks de modules sont très importants avec plus de 70 GW entreposés dans les hangars européens. Sans oublier la deuxième jambe de la croissance industrielle continue qui est l’innovation, avec les records de rendement photovoltaïques qui tombent de mois en mois et améliorent encore la rentabilité.
Il n’y a aucune raison pour que cela s’arrête. Croyez moi, l’heure sera bientôt venue où un toit photovoltaïque sera moins cher qu’un toit en tuiles.
« Il y a urgence à déployer du solaire »
Plein Soleil : Le problème est que toutes ces giga-unités de production se déploient en Asie et pas en Europe. Quid de la souveraineté énergétique du pays ?
André Joffre : Il est certain qu’aujourd’hui les ordres de grandeur des usines chinoises, déjà existantes, à plusieurs dizaines de gigawatts et ceux des projets d’usines européennes autour des 5 gigawatts par an n’ont absolument rien de comparable. Il n’est pas question d’attendre les panneaux européens pour développer le marché car la demande est là. Il y a urgence à déployer du solaire.
Aujourd’hui, les modules pèsent moins de 25 % du prix d’une installation, tout le reste est à mettre au crédit des entreprises françaises ou européennes du BTP, des systèmes de fixation ou même de l’électronique de puissance avec Schneider, SMA ou Fronius... Une centrale construite en France produit de l’électricité française. Dans la logique de la plaque européenne, l’électricité solaire produite à Perpignan, c’est du gaz, et donc du CO2, économisé en Allemagne.
Plein Soleil: Quelles conditions seraient alors nécessaires à une véritable éclosion d’une industrie solaire européenne ?
André Joffre : Il faut impérativement créer les conditions d’un marché. Le coût de l’investissement n’est pas un sujet. Les technologies et les usines sont identiques, nous avons même des fournisseurs de matériels en Europe. Ce qui garantit la viabilité d’un industriel c’est avant tout la confiance dans ses propres marchés. Regardez ce qu’il se passe avec l’IRA (Inflation Reduction Act) aux Etats-Unis. Les industriels européens et Chinois s’y installent. Meyer Burger a même différé son implantation prévue en Europe pour s’installer aux US. Le gouvernement subventionne certes l’activité mais il s’est surtout engagé sur un plan public extrêmement volontariste jusqu’en 2032.
En France, nous avons eu trop d’atermoiements, nous sommes plombés par le dogme du mix déjà fortement décarboné par le nucléaire. La France est le seul pays européen à ne pas avoir atteint ses objectifs en termes de renouvelable. Il y a mieux pour stimuler les industriels.
Alors oui, on peut évoquer des barrières douanières autour du contenu CO² ou du travail forcé des Ouïghours. Mais le fond du problème n’est pas là. Avant toute chose créons aux industriels un vrai marché, avec une montée en puissance rapide, avec une vraie loi d’accélération dynamique, et pas seulement 2 ou 3 GW par an.
Pour sa prochaine PPE, la feuille de route de la France doit s’emparer des objectifs ambitieux de la directive européenne à 45 % d’EnR dans le mix en 2030. Il n’y a pas d’alternative.
« Les collectivités et les territoires aspirent à se réapproprier l’énergie »
Plein Soleil : Dans ce contexte, la percée de l’autoconsommation en France ne pousse-t-elle pas à l’optimisme ?
André Joffre : C’est certain. Elle montre déjà l’appétence du public, les particuliers ou les professionnels, pour l’énergie solaire avec une progression de 77% au premier semestre 2023 par rapport à la même période 2022. Les gens ont été échaudés par les hausses des prix de l’électricité. Ils se sont aperçus qu’une électricité chère, cela pouvait arriver.
L’activité a été multipliée par 4 dans les entreprises, elle a même été plus marquée que dans le résidentiel. Après vous savez, le sujet de l’autoconsommation va au-delà du simple fait de produire des électrons. Il est question de partage, d’échange et de gestion de l’énergie sur fond d’énergie numérique. A ce titre, l’autoconsommation collective attire fortement les collectivités et les territoires qui aspirent à se réapproprier l’énergie. Là encore, le carcan administratif, véritable millefeuilles fait de procédures, de permis en tous genres et de normes techniques à n’en plus finir n’a pas lieu d’être. Regardons les dispositifs européens qui nous conduiraient à diviser par deux le temps de réalisation des projets.
Plein Soleil : Un dernier mot sur le manque de personnels qualifiés et sur la formation ?
André Joffre: Premier point positif, nos métiers attirent les jeunes collaborateurs en quête de sens. Ils sont heureux de contribuer à lutter contre le réchauffement climatique.
Après il faut multiplier les écoles d’ingénieurs, les formations de techniciens, d’installateurs et d’électriciens. Il faut dynamiser l’activité des plateformes pédagogiques, doper leur capacité. Nous manquons cruellement de formateurs qualifiés. Là aussi, il est urgent d’y remédier.
Avec le pôle DERBI, nous menons en ce sens des actions collectives avec la Région Occitanie. Si l’offre n’est pas au rendez-vous, nous ouvrons la porte aux éco-délinquants.
Les pouvoirs publics doivent être en alerte sur ces sujets, ils doivent faire le ménage. Il y a un vrai danger. Nous avons besoin plus que tout, d’une offre bien structurée portée par des gens de qualité bien formés.